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Festivals

Cabourg, Mon Amour 2015

Troisième édition d’un festival comme on les aime, à taille humaine et à la programmation soignée. Il fallait affronter les conditions climatiques capricieuses pour apprécier le charme de Cabourg Mon Amour. Compte rendu. 

vue mer 

Jour 1

En pleine période estivale mais pas encore pendant nos vacances, la perspective de s’échapper à Cabourg pour un festival sur la plage nous réjouit depuis des semaines. Le bulletin météo du week-end n’est pas aussi prometteur que l’affiche léchée de cette édition avancée à fin juillet cette année. C’est sous une belle averse que nous gagnons Cap Cabourg à la pointe de la promenade Marcel Proust. Deux scènes sur deux niveaux, celle de la dune pour les concerts de groupes, celle de la plage pour les DJ sets qui ponctuent les changements de plateaux.

Saje On va d’emblée fouler le sable humide, l’occasion de chiller au son de Saje, le duo parisien auteur du séduisant « Take Care Of You« . On en profite pour repérer les lieux, les stands dont celui des Balades sonores. Les fidèles du Pitchfork Music Festival reconnaîtront la signature de Super!, co-organisateur avec la Blogothèque du festival fondé par Premier Amour.

Grand Blanc On se dirige vers Grand Blanc, la formation souvent évoquée dans nos colonnes et interviewée récemment aux Francofolies de la Rochelle. On avait été pris par les tripes l’hiver dernier lors de leur passage aux Transmusicales de Rennes avant de les revoir au Point Ephémère pour la carte blanche à leur label Entreprise pendant le festival Fireworks. Malgré un set émaillé de deux nouveaux titres, il est encore un peu tôt pour nous concentrer sur leur passage à la lumière du jour. 

 Bambounou C’est au tour de Jérémy Guindo aka Bambounou, habitué des clubs parisiens, de dérouler son set d’electro minimale. L’occasion de mentionner « Centrum« , second LP pour succéder à « Orbiting » sorti sur le label allemand 50 Weapons. Celui qui, à ses débuts, était comparé à un feu follet nocturne a par ailleurs collaboré avec Laurent Garnier pour sa Home Box parue en début d’année.

Ben Khan

On ne boude pas notre plaisir de découvrir pour la première fois un artiste dont en entend parler depuis son premier EP paru en 2014 intitulé « 1992« , sans grand mystère, l’année de naissance de Ben Khan. On avait été saisi par son « Eden » et ses samples de barrissements d’éléphant rappelant « Bad Kingdom » de Moderat. Le Londonien mixe savamment electro, soul et r’n’b et a publié au printemps dernier « 1000« , son second EP. Le jeune homme, qui aime les chiffres, marche dans les pas d’un Jai Paul ou d’un James Blake dont on passerait les 12 pouces à la vitesse des 7.

L’occasion de constater que le festival est fréquenté par des professionnels de la musique et on se laisse porter depuis le bar par le set de Bon Entendeur, le collectif qui publie des Mixtapes thématiques d’une heure introduites par une personnalité du moment : « La rencontre » avec Sophie Marceau, ou récemment « La Fidélité » de Gérard Lanvin.

Isaac Delusion La soirée prend une autre tournure à la tombée de la nuit, pas seulement parce qu’on se prend une seconde averse mais aussi parce que Isaac Delusion monte sur scène. On était allé les découvrir l’été précédent à Pete The Monkey, festival qui prend également place sur la côte normande, dans un environnement cosy et intimiste. Plus récemment, on rencontrait le groupe pour leur affiche commune avec Salut c’est Cool, au festival Curieux Printemps. On profite un peu mieux du spectacle et force est de constater que le projet a évolué. Passé récemment de Cracki Records à Microqlima avec un inédit, le groupe donne un aperçu de la possible couleur du second album, plus electro avec plus de recours au loop pour la voix de Loïc. Le groupe a pris de l’ampleur et le public en redemande à la fin.

Torb

Ce sera alors à Torb de conclure la première partie de soirée. Amoureux des machines qu’ils conçoivent eux-mêmes, les membres du tandem se sont rencontrés au studio de Philippe Zdar et se présentent dans une imposante configuration pour une transition nous guidant vers l’aftershow techno. Une semaine après le festival Hello Birds à Etretat, on s’attend à une fin de soirée dans une ambiance de casino, entre bar, discothèque et machines à sous. Il s’agit en fait d’une salle de réception privatisée pour l’occasion. Passé l’étonnement sur le lieu, on se laisse embarquer plus volontiers par le Caennais Y@nosh que par le New-Yorkais Anthony Naples. 

Jour 2

Première préoccupation au réveil de cette seconde journée, la couleur du ciel. Le site du festival a souffert du vent. Les concerts sont retardés et le rendez-vous pris avec Niall Galvin pour évoquer son projet au sein d’Only Real, déplacé (lire l’interview).

Clément Bazin

C’est Clément Bazin, l’instrumentiste de Woodkid, qui nous accueille sur la plage de Cabourg. On aime la musique du beatmaker parisien qui sied à merveille à l’humeur ensoleillée du jour. Son second EP « Night Things » succédant à « Inner Voices » suffit à s’en convaincre.

Inigo Montoya

C’est au tour d’Iñigo Montoya!, dont on a déjà évoqué ici le premier « InigEP01« , de prendre place sur la scène de la Dune. On a fait le déplacement pour les voir quinze jours avant au festival Pete The Monkey et ainsi vérifier le pressentiment que le quatuor tient ses promesses en live. Ils jouent à nouveau relativement tôt et ce n’est pas cette fois-ci que le set sera habillé des projections vidéos de Zeugl. On guettera une occasion de les voir une troisième fois à la rentrée, avec quelques titres supplémentaires. Après le concert, on s’éclipse pour faire plus ample connaissance avec Pierre, Quentin, Adrien et Arnaud (lire l’entretien). On regagne le festival sur la dernière chanson d’Agua Roja. 

Only Real

Notre collègue nantaise nous avait évoqué Only Real comme « la coolitude incarnée » lors de son concert au festival l’Ere de Rien à Rezé, le public lui souhaitant son anniversaire pendant qu’il était sur scène, après lui avoir offert des bonbons. A notre tour d’en faire l’expérience au cours de la journée, Niall Galvin venant spontanément à notre rencontre pour une interview s’apparentant plus à une discussion. On aura de cesse de le recroiser et d’avoir des signes d’attention du jeune Anglais, sur le front de mer pendant la captation de la Blogothèque, au dîner nous présentant son groupe, échangeant quelques mots sur la reformation de Blur, comme un poisson dans l’eau à l’aftershow du casino. On retrouve sur scène l’insolente décontraction d’Only Real, tel un Mac DeMarco. Il fait le show, communiquant sa joie de vivre à un public réceptif à sa surf-pop à qui il demande de lever les bras pour poser avec lui sur une photo prise de la scène. On se réjouit de son passage à la Route du Rock cet été.

Curtis Harding

On avait un vague souvenir de Curtis Harding aux dernières Trans. Trois mois plus tard, on avait fait l’impasse sur son concert, préférant voir le guitariste des Dogs, Christian Rosset et les protégés de Fujiya Miyagi, Steeple Remove. Les échos de cette soirée étaient pour le moins mitigés. Voici l’occasion de se faire notre propre opinion de la transposition live de « Soul Power ». Si l’album mérite son intitulé, celui-ci est quelque peu galvaudé sur scène. Curtis Harding joue comme un habile orateur s’écouterait parler, sans réel élan de générosité ni recherche de l’échange avec le public. Le minimum syndical de la première moitié du set est compensé par un regain d’énergie en deuxième partie, peut-être le temps nécessaire pour le diesel Harding de s’échauffer. 

Bart vue de nuit

S’il faut retenir le nom d’un des DJ présents lors de cette édition, ce sera incontestablement celui de Barnt. Impossible de quitter la plage, enveloppée de la techno du DJ et producteur de Cologne. Révélé par le très efficace « Geffen » en 2012 sur le label Comene, Daniel Ansorge de son vrai nom, a fondé le label Magazine distribué par Kompact pour lequel il oeuvre également. Vous avez peut-être entendu Barnt sans le savoir dans des mix de Joy Orbison et Jamie XX, ce dernier étant régulièrement remixé par l’Allemand. Voilà qui nous met en jambes jusqu’à l’aftershow.

Jour 3

Dernier jour à Cabourg, les organisateurs jouent décidément de malchance car la pluie est de retour. Les concerts qui devaient reprendre sur la plage après déjeuner sont rapatriés au bar à l’ambiance lounge du casino en fin d’après-midi pour des sets raccourcis. 

Gandi Lake

Qu’à cela ne tienne, on a prévu de s’attarder pour revoir les Caennais de Gandi Lake. Vus en après-midi aux Trans puis brièvement pour les auditions des Inrocks Labs, le groupe, composé habituellement de cinq musiciens, se présente à trois avec Alexandre à la guitare et au chant, Adrien au clavier et Arthur aux percussions. Cette configuration acoustique nous inspire d’emblée le projet d’une session filmée (il faudra patienter jusqu’à la rentrée). La voix de Colorado est mise en valeur et l’on écoute attentivement « Compromised » extrait du nouvel EP dont une vidéo réunit tous les titres. 

Novembres

Proximité oblige, c’est une autre formation caennaise qui enchaîne. On a découvert Novembres pour la première fois aux auditions des Inrocks Labs et on a immédiatement fait le rapprochement avec la musique de Fakear. Pas étonnant que le Caennais ait proposé à Johan et Linsey d’assurer l’ouverture de sa release party parisienne. Le duo a publié un EP baptisé « Le petit tigre hallucinogène » et en prépare actuellement un second.

Pain-Noir 

Un rayon de soleil, fait son apparition et l’on profite un peu de l’ambiance extérieure. On écoute de loin la prestation de François-Régis Croisier, le bien-aimé de la rédaction pour l’album homonyme de son projet « Pain-Noir« .

Superpoze

Le temps d’un DJ set de Chevaliers Play, et Gabriel Legeleux aka Superpoze est en place. La première fois qu’on a entendu ce nom, il était indirectement lié à une énorme déception, celle de l’annulation d’Hot Chip au festival Beauregard en 2012, qu’il était venu remplacer au pied levé. Depuis, on associe Superpoze au tiercé gagnant de l’électro française montante avec Fakear et Thylacine. De ce dernier, il partage l’apprentissage de la musique au Conservatoire. Après deux EP et une collaboration avec Adrien Leprêtre des Concrete Knives au sein de Kuage, Superpoze a publié un premier LP intitulé « Opening ». La réaction de la salle ne trompe pas, le public jusqu’alors confortablement assis, se lève dès l’arrivée du jeune Caennais, donnant au bar une tout autre ambiance où tables et chaises n’ont plus lieu d’être. La route du retour nous attend et on ne s’attarde pas pour Jacques dont on appréciait récemment le DJ set au casque dans un Silent Bar en pleine forêt. On écoutera « Tout est Magnifique », l’EP du musicien dont l’objectif est de faire que les gens normaux et bizarres dansent ensemble. Tout un programme…


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