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Interviews

Animal Collective – Interview

ANIMAL COLLECTIVE

Ils étaient trois en concert à la Maroquinerie deux jours plus tôt (18 juillet), font la plupart de leurs interviews à deux, pas mal de disques en solo quand ils peuvent, mais cette fois, c’est le groupe au complet, c’est-à-dire quatre personnes, qui se prête à l’interview pour une session qui ressembe souvent à une discussion conviviale de bistrot entre vieilles connaissances. Bienvenue chez vos nouveaux amis…

Animal_Collective

Je vous ai vus en concert il y a deux jours, et j’ai été assez surpris de ne reconnaître quasiment aucune chanson, notamment aucune chanson du dernier album. Est-ce que vous êtes déjà passés à autre chose ?
Panda Bear : oui, tout à fait. On a passé les deux dernières années à jouer les chansons de Strawberry Jam en concert mais depuis qu’on a mixé l’album, on joue de nouvelles chansons sur scène.

Avey Tare : c’est très typique de notre façon de faire. On ne joue quasiment que des nouvelles chansons sur scène. Ce n’est pas dans nos habitudes de rejouer sans cesse les vieux titres.

Au sujet de vos performances scéniques, elles sont assez souvent difficiles d’accès et surprenantes, y compris pour vos fans. Est-ce que vous êtes d’autant plus difficiles d’accès qu’il y a un large public pour assister au spectacle ? Il doit de fait y avoir quelque chose d’assez jouissif là-dedans…
Avey Tare : (rires) non, on n’essaie pas d’être spécialement difficiles, on joue juste ce qu’on a envie de jouer, indépendamment de la taille de la salle. Je pense que ça peut paraître bizarre pour pas mal de gens qui ne sont pas forcément familiers avec la façon dont on joue en concert. La plupart du temps, on passe un peu au-dessus du fait que ce qu’on peut jouer puisse sembler difficilement abordable. On joue des chansons qu’on aime, avec lesquelles on a déjà passé un peu de temps, et c’est très confortable pour nous. Mais ça ne l’est peut-être pas pour tout le monde. Surtout parce que les gens ne connaissent pas ces chansons. Et puis, c’est vrai qu’on ne fait pas vraiment de pauses pendant les concerts. On enchaîne tout d’un trait et ça peut paraître troublant, ça peut sembler juste un amas bizarre d’une seule chanson. Pour nous c’est quelque chose d’assez fort d’arriver avec des nouvelles chansons, que probablement personne n’a entendues dans la salle et de voir les gens dépenser leur énergie dessus et être sensibles à la mélodie malgré tout. En tout cas, de là où j’étais, je voyais des gens que ça semblait vraiment ne pas gêner de ne pas connaître les chansons (ndr : de fait, une dizaine de personnes était dans un état de semi-transe pendant ce concert). Quoi qu’il en soit, c’est quelque chose qui nous semble extrêmement naturel de jouer ces chansons, de cette façon, et je crois qu’on en retire beaucoup plus d’excitation que de jouer de vieux morceaux. On n’essaie pas d’être difficiles pour autant.

Bien que je me considère comme l’un de vos fans, je n’ai pas pu rester jusqu’à la fin du concert mercredi soir. Est-ce que des réactions de ce type vous importent ?
Panda Bear : je crois que c’est assez habituel et on ne se formalise pas du tout pour ça. Dans le public, il y a des gens qui se sentent tout à fait inspirés par la façon dont on approche les choses et d’autres pas du tout. Si on va dans une direction, il y a des gens qui ne nous respecteront pas, si on va dans la direction opposée, d’autres personnes ne nous respecteront plus. Il y aura toujours une partie du public insatisfaite. De fait, il y a pas mal de gens qui se diront « ce n’est vraiment pas ce que je suis venu voir, je suis venu pour « Grass » ou d’autres chansons que j’aime ». En plus, la période est d’autant plus propice aux expérimentations parce que « Strawberry Jam » est déjà loin pour nous et pas encore sorti pour le public, c’est donc un bon moment pour nous de nous faire les dents sur de nouveaux morceaux. Et puis, comme Josh ne joue plus toujours avec nous en ce moment, ça devient difficile de jouer les morceaux de la même façon qu’on le fait sur disque. Je crois qu’on se lâche d’autant plus.

Et comment votre nouveau label (Domino) apprécie ça ?
Deakin : je crois que la façon dont Laurence Bell et les autres personnes du label réagissent par rapport à notre manière de travailler nous libère totalement. Personne n’avait d’idée précise de ce à quoi « Strawberry Jam » devait ressembler et je crois qu’on a vraiment eu toute la latitude souhaitée. Ils ont été à la fois très ouverts et très encourageants. Je pense que plein d’autres labels n’auraient pas tellement aimé avoir un disque en cours d’enregistrement et n’avoir aucune idée de ce qui allait en ressortir six mois plus tard.

Panda Bear : travailler avec quelqu’un d’aussi unanimement connu et respecté que Laurence Bell est quelque chose d’assez flatteur pour nous. Mais nous ne nous sentons pas pour autant un plus grand groupe parce qu’on est signé sur Domino. Ils nous ont vu jouer il y a quelques jours. On leur a dit que ce qu’on a joué sur scène allait être la matière de l’album suivant et on leur a demandé leur avis. Ils ont toujours une réaction très positive dans ces moments-là. A la fois sincère et positive. C’est plutôt agréable pour nous.

 

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