Bien plus qu’un simple disque de reprises, Mendelson et Pascal Bouaziz reviennent avec « Sciences Politiques », véritable nouvel album du groupe et où l’on comprend nettement la différence entre l’engagé béta et le geste politique dans ce qu’il nous dit de nous et de notre temps.
Il y a toujours eu chez Mendelson une forme de radicalité qui peut provoquer des attitudes voire des réactions paroxystiques. Du rejet parfois, de l’enthousiasme aussi. Pascal Bouaziz a pour lui de ne pas laisser tiède, l’indifférence n’a pas sa place ici. On ne s’est toujours pas complètement remis du sombrissime triple album vieux de déjà quatre ans ni de Bruit Noir ou de son escapade en solo.
Pascal Bouaziz avait depuis bien longtemps en tête ce projet de disques de reprises, on en trouve différents indices dans les quelques interviews croisées sur le Net. On sentait bien qu’il cherchait un angle pour faire de cet exercice autre chose qu’un simple hommage à des références vénérées. Comme souvent chez Bouaziz, tout part de la contrainte d’un concept. La dilatation de l’espace dans « Les Heures », la concision de « Haikus ». Ici, l’idée de départ n’a pas vraiment à voir avec la forme mais plus avec le fond. Il s’agira d’adapter des chansons avec un arrière-fond politique pour en faire quelque chose d’à la fois personnel et de respectueux de l’original. Il faudra aussi insister sur cette différence que fait Bouaziz entre la chanson engagée et la chanson politique. D’un côté, le geste militant un peu moralisateur, emphatique et sans recul, les bons sentiments d’un Bono ou la mièvrerie adolescente d’un Saez quand la chanson politique, elle, n’affirme rien mais dresse un constat qui laisse toute la place à l’auditeur pour en tirer les conséquences.
On pourra encore faire un parallèle avec la discographie voisine et amie de Michel Cloup et en particulier « Ici et là-bas » qui posait de nombreuses questions pertinentes. Mendelson ne fait jamais les choses tout à fait comme les autres, on s’amusera parfois à reconnaître dans ces réappropriations les morceaux originaux quand certains titres resteront plus dans un respect confortable. Que ce soit « Les Peuples » en ouverture, ressuscitant un Leonard Cohen asséché ou ce « Ghost Of Tom Joad » de Bruce Springsteen lancinant, Mendelson ne cherche pas à plaire ni à nous faciliter l’écoute. Souvent sec comme un coup de trique, arrogant comme un électeur de droite, ironique comme souvent, Pascal Bouaziz déroute.
Prenez « Inner City Blues » de Marvin Gaye qui devient « La Panique » et ressemble à un corps décharné, une forme de noise groovesque. On croise ici les grands héros de Pascal Bouaziz, Robert Wyatt, Public Image Limited, Sonic Youth. On ne saura trop vous conseiller d’aller découvrir les vidéos sur la chaine Youtube du groupe où le chanteur remet d’une part les chansons un peu en contexte mais aussi son regard acerbe sur la chose politique.
Evoluant à vue dans les différents spectres musicaux de Mendelson, entre Folk, musique expérimentale, noise ou electronica déviante, « Sciences Politiques » se révèle d’écoute en écoute comme un grand disque qui ne saurait être limité à un acte militant ou à une posture même vaguement engagée. C’est bien plus que cela, une belle gifle assénée à la médiocrité de nos pantins, puissants d’un instant, ces oublieux des petits, des gens d’en-bas et c’est franchement vivifiant.
Mendelson, clap de fin en vue – POPnews
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