J’ai essayé, hein. Vraiment essayé. J’ai écouté régulièrement les albums, les ai vus de nombreuses fois sur scène, mais je n’ai jamais totalement accroché au post rock de Cyann & Ben, ni même à leur récente réincarnation en Yeti Lane. Pas de reproches particuliers à leur faire, juste une rencontre avortée. On a beaucoup en commun, c’est sûr, et beaucoup de concerts vus ensemble. Hasard de clics, je tente une dernière fois d’écouter ce disque, a priori rebutant avec sa pochette (trop) sobre, noire et blanche, à mille lieues des explosions de couleurs et du déluge de guitares qu’il recèle. Dès l’ouverture en forme d’origami, « Analog Wheel », c’en est fini de l’austérité post-rock. « The Echo Show » est un disque plein de bonheur lumineux et sonore, voguant entre rock choucroute répétitif, psychédélisme minimal à la Spacemen3 et mur du son regardeteschaussures. Autant le dire tout de suite : « The Echo Show » est une pure merveille réussissant à garder l’identité et le passé talentueux de notre désormais duo, tout en assimilant leurs glorieuses influences. On secoue tout ça et on part pour un long voyage, trippant comme il se doit, naviguant d’une étoile à l’autre dans cette galaxie de sons. Et on en prend plein les esgourdes, à tout moment, de ce son chiadé, travaillé au corps, qui a dû susciter pas mal de temps et de prises de tête derrière les consoles, à fumer des gros joints (ou autre). L’expérience Pete Kember (« Sparkling Tired ») certainement, donc du Velvet Underground mais aussi des Flaming Lips (« Dead Tired » qui tire aussi, en mieux, vers le dernier Pains Of Being Pure At Heart, qui n’était pas si mauvais que de mauvaises langues ont pu le dire). Claviers hallucinés et hallucinants, vintage à tous les étages, batterie sur tous les fronts, guitares frondeuses, voix rêveuse et rageuse : l’alchimie est là et l’expérience, acquise en studio et sur la route, rend cette cathédrale sonore aussi agréable à visiter en coup de vent qu’à admirer consciencieusement. C’est la marque des grands de la pop. On vous conseillera donc de suivre patiemment les guides, passant de station en station, pour finir sur la grandiose « Faded Spectrum » (ne vous jetez pas dessus tout de suite, gardez là comme ils l’ont mise : à la fin, comme un dessert). On apprécie aussi les quatre plages sans titres, transitions sonores, disséminées un peu partout, comme autant de champs d’astéroïdes mais pour autant non dénués de richesses ni d’intérêt.
Répétez après moi : « The Echo Show », c’est la classe. Fallait-il en douter ? Après tout, c’est un disque Clapping Music.