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Saigon – New World Outro

Saigon - New World Outro

Signe des temps. Le Nouvel Ordre Mondial ne viendra pas ce soir si, et seulement si, la jeunesse sonique du monde entier écoute cette musique de désertion. Nous avions déjà souligné le caractère profondément apocalyptique de la musique de Saigon (le premier LP « Ready for Romance ? ») mais ici nous sommes bien dans le post-tout total. Post hypnagogic pop avec ce « No Regrets », tout en nappes onctueuses et dangereuses de claviers sur des saillies acides et répétitives, embrouillées dans une brume de bruit blanc. C’est bel et bien la suite du nocturne « Moon » qui concluait l’album précédent mais façon gueule de bois chimique, parfait écho du texte de la chanson, dans la droite ligne, blanche et neigeuse, des « Amoureux Romantiques » à la Elli et Jacno. Puisqu’on parle de chimie, abordons le volet party time : « Exo Exo » et sa rythmique martiale de free party surprend de prime abord tout comme les zigzags de claviers qui donnent le mal de mer comme un ecsta trop chargé en mort-aux-rats.

 

On nous aurait changé nos Saigon ? On peut se le demander en écoutant ce « Zeus » qui tabasse grave avec des claviers et des guitares qui crissent comme des tessons de bouteilles et cette rythmique de gamelan de récup.

Comme tous les grands groupes, Saigon garde son style, sa patte griffue mais évolue sans reproduire ses précédentes productions. D’une manière générale, « New World Outro » est moins touffu que les enregistrements précédents : une certaine épure rythmique et mélodique accentue le côté répétitif dans une optique techno, post-dance, un peu comme si New Order n’avait pas complètement renié sa part de Joy Division (« You’re so cool » aux guitares tranchantes comme des rasoirs sales de junky de chiottes publiques sur une rythmique imparable tout en rondeur et chœur primesautier). Moins touffu ne veut pas forcément dire moins riche  : cf les explosions et les stridences de « Peace on Earth » ou les grésillements, grognements sur le stalkerien « My Picture of you », ode malade aux amours virtuelles 2.0. On peut même dire que « New World Outro » porte encore plus que le précédent une attention aux divers sons qui émaillent la production (signée entre autres par un des mecs de Bob Hund, groupe arty s’il en est et confiné, semble-t-il, au marché suédois). C’est pourquoi on aime tant Saigon : ils opèrent la fusion tant attendue entre l’immédiateté pop, la machine à danser techno, la fureur du rock et les expérimentations sonores de la scène improvisée. Et aussi parce qu’ils ont de l’humour :

On finit, comme d’hab’, sur des coussins moelleux, accompagné d’une voix délicate et vocodée, à peine perturbée par les éclats de réverb et de delay entre autres accidents numériques, sur un son sale, analogique lo-fi et écho lointain de la BO de « Blade Runner ». Saigon : le futur, toujours le futur, mais en mode rétro.

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