Les pochettes de disque nous parlent. A peine quitté l’étreinte des mains de Viet Cong qui nous enserrent depuis des semaines qu’on se réfugie dans celles délicatement offertes d’un groupe dont on ignore presque tout : Rendez-vous. Premier indice avec le nom évocateur, il s’agit d’un quatuor français, parisien pour être précis, composé de Francis Mallari à la voix et à la basse, de Simon Dubourg à la guitare, d’Elliot Berthault et Maxime Gendre aux choeurs, synthés, machines. Il avait déjà été fait mention ici de leur EP de cinq titres et quelque vingt minutes sur un label qui produit les fameuses compilations « Zappruder Collection ». Le groupe s’est offert les services de l’ingénieur du son Adrien Pallot déjà aux manettes de formations qui soignent leurs synthétiseurs (Blind Digital Citizen, Jackson and His Computer Band…). Rendez-vous produit une cold-wave incarnant l’absence d’avenir au milieu de villes bétonnées.
L’écoute de leur récente production nous conduit à aller les découvrir en première partie de Cult of Youth dans la salle parisienne Petit Bain. Les musiciens se présentent sur une même ligne, les claviers au centre de la scène et les guitares aux extrémités. Sans introduction, le groupe ouvre son set sur « White Dress » avec cette diction stricte et presque gutturale. Il enchaîne avec « Plasticity », on y trouve toujours des accents slaves peut-être en provenance de Pologne, patrie de Siekiera. Après tout, Joy Division s’est d’abord appelé Warsaw. Sur « Zappruder Collection #2 », Rendez-vous y côtoyait Holograms, groupe suédois signé chez Captured Tracks auquel on pense à l’écoute de « The Others« . C’est ce troisième titre que le groupe interprète et par lequel on met une image sur leur musique. Le public esquisse d’ailleurs un signe de reconnaissance aux premiers accords. Le clip filme une succession d’immeubles dynamités et on ne serait pas surpris qu’il soit tourné dans les rues d’un Manchester dévasté. On y croiserait le chemin de Wu Lyf et leur rageur « Go Tell Fire To The Mountain ». Autre ambiance avec le quatrième titre du set « Donna » qui figurait sur « Fall 2012 Demo » et est repris sur le premier EP. La mise en image du titre recycle une vidéo d’une soirée Gabber belge où l’on croise des jeunes gens tout sourire. L’interprétation et l’instrumentation se font plus pop.
Francis, le chanteur, confie sa basse à Simon, le guitariste, pour « Cat’s Mirror », titre plus new wave extrait de la démo. Les guitares gagneraient probablement à permuter avec les synthés au centre du champ visuel. L’assemblée se met alors à danser dans le fond de cale de Petit Bain sur les premières notes de « Youth » et son « Going straight to Hell ». Descente aux enfers opiniâtre… C’est à « Distance », titre à paraître sur un prochain EP (dont la date de parution est encore inconnue), que revient le soin de clôturer ce set sur un lead synthé évoquant parfois les heures sombres de Robert Smith. Le groupe ne se sera pas risqué à l’interprétation de son étonnante reprise du « Wicked Game » de Chris Isaak et laissera la place au punk-folk des loups de mer de Cult of Youth que l’on restera écouter pour achever la soirée. On quitte les quais de Seine revigoré par l’énergie de Rendez-Vous dont on suivra l’évolution discographique en attendant de les revoir, si possible, en tête d’affiche.