Maud Lübeck – Toi non plus

Disque sensuel malgré une forme des plus simples, “Toi non plus” consacre une très belle plume et confirme le talent de Maud Lübeck, auteure avec qui il faudra compter.

Découverte par son premier effort, le très plaisant “La fabrique”, Maud Lübeck n’avait pourtant pas planifié un retour sous cette forme. En effet, elle a connu les affres de la séparation personnelle, mais son label d’époque ayant aussi disparu, elle a été forcée de changer son fusil d’épaule pour ce disque. Loin de plomber celui-ci, l’album bénéficie de cette austérité dans la forme pour faire saillir le fond, et on prête d’autant mieux attention aux textes ciselés, aux audaces de style rendues finalement possibles par la sobriété instrumentale (quelques petits claviers, une boîte à rythme…), et c’est bel et bien l’élégance de Maud Lübeck qui domine ces 10 morceaux, concis mais jamais dépourvus d’émotions.

La séparation a de multiples dimensions, que la Française explore avec beaucoup de finesse : il y est question de corps et de cœur (“La disparition”), le fragile attachement aux choses (superbe duo avec La Féline sur “Encore”), la recherche d’un abri illusoire (“l’imperméable”) ou le délitement des sentiments. Avec justesse mais sans jamais s’appesantir, avec un dénuement qui convainc au plus fort sur “Je plus rire”, Maud Lübeck nous offre un récit cohérent, convaincant et noir de cette sombre période. La rage émerge par vagues, sur le nerveux “La coupure”, avant de laisser place à l’après, cette mélancolie qui étreint sur “A la fin”, brillante conclusion de ces chroniques d’une séparation. Elles ont eu au moins le mérite de faire émerger une plume à nulle autre pareille, déjà à part dans une scène française pourtant riche au possible. Une très belle œuvre, assurément.