Nous avons la confirmation, Here We Go Magic n’était pas juste une bouffée d’air, une lubie du moment pour l’hyperactif Luke Temple mais bien une façon pour lui d’exprimer son talent polymorphe. Il est vrai que le premier album bigarré et bancal m’avait laissé dubitatif. Trop de pistes explorées et d’intentions vite expédiées qui avaient cependant eu le mérite de prendre tout le monde à rebrousse poil (ces influences africaines venues de nulle part !).
Avec « Pigeons » puis le désormais « A Different Ship », Here We Go Magic rentre dans les clous d’une pop hybride lissée qui me fait regretter ce premier album que l’auteur lui-même qualifie d’oeuvre la plus personnelle qu’il ait écrite.
On se demande ce qu’a bien pu apporter le producteur Nigel Godrich, si ce n’est ce son rond et propret qui altère le côté beau-bizarre des chansons de Luke Temple. Certes, on y entend de la country dévoyée, du glam rock indie, de l’afrobeat light servi par des guitares funky, des synthés acides et des rythmiques bondissantes mais l’ensemble manque d’aspérités. Ce n’est pas guimauve, mais un peu liquoreux en dépit de la bonne tenue des chansons (notamment la trilogie « Hard to Be Close », « Make Up Your Mind » et « Made To Be Hold »). Le baladin folk des débuts, qui n’aime pas se répéter, joue désormais dans un registre rocker suave. On a déjà entendu ce refrain sur les derniers albums de Destroyer et d’Iron and Wine. Une certaine tendance à la pop émolliente haut de gamme. Espérons que cela ne dure pas trop longtemps.