HERE WE GO MAGIC – Pigeons
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Luke Temple, trublion central de Here We Go Magic, refait des siennes. Bon, ne comptez pas sur moi pour une subtile comparaison entre ces "Pigeons" et leurs prédécesseurs, ni avec les albums de Luke solo, pour la bonne raison que je ne les connais pas, et que je découvre là le bonhomme. C’est donc avec une pureté d’oreille garantie sans cérumen que je me lance dans l’appréciation de l’album de Temple et de ses copains, aka Here We Go Magic, groupe du Massachusetts émigré à NYC.
Ce sont des recycleurs malins : à force, ils ressembleraient presque à des novateurs authentiques, tant le mélange de genres pré-existants est bien dosé. Sur une bonne partie de l’album, notamment les trois premiers titres, je me demande toujours ce que j’entends : de la pop bien tendue ? de la techno acoustique ? Du folk à la testostérone ? Et alors que je commence à me bercer de la torpeur nerveuse de cette entame, l’album change de direction et tombe dans le blues folk psychédélique qui plane bien haut, nimbé de reverb (le bien nommé "Surprise") puis alterne entre ces diverses options avec une diversité joliment renouvelée, qui parvient à ne jamais sombrer ni dans le banal, ni dans le tour de force. Et, en effet, on sent bien que c’est cela, la force de Here We Go Magic, cette richesse bariolée, cet enthousiasme même dans la mélancolie, qui dynamise les morceaux, et les étoffe, ce côté lancinant qui plane pourtant au-dessus du monotone.
Après plusieurs dizaines d’écoutes, si si, je me surprends à remettre le disque dans la platine sans trop m’en rendre compte, et ce malgré une réserve de taille sur les mélodies vocales souvent outrageusement déviantes ; c’est assumé comme tel, sans doute sur l’autel d’un certain psychédélisme, mais ce n’est pas l’aspect le plus admirable du disque – je vois plus dans les boucles instrumentales superposées des morceaux en flux tendu la véritable clef d’envoûtement de l’album.
Voilà sans doute une bonne définition de l’addiction : je ne suis pas fou de cet album, mais je l’écoute tout le temps, dérouté par les volutes tantôt abyssales tantôt célestes d’un album qui redonne une belle fraîcheur à la notion de psychédélisme. Voilà un groupe qui en fait un peu trop, mais qui a bien raison de le faire.
David Dufeu
A lire également, sur Here We Go Magic :
la chronique de « Here We Go Magic » (2009)
sur les albums de Luke Temple :
la chronique de "Hold a Match for a Gasoline World" (2006)
la chronique de "Snowbeast" (2008)
l’interview de 2008
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