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Chapelier Fou – Interview

Alors que Chapelier Fou vient de nous gratifier d’un magnifique « Deltas« , il nous a accordé un entretien pour revenir sur ce disque, placé sous le signe du changement. Interview un brin décousue avec un musicien qui ne semble jamais s’arrêter… 

Chapelier Fou

Est-ce que tu es content de « Deltas » ?

Ah oui je suis plus que ravi. C’est un nouveau départ, un bon coup de boost. C’est aussi plein d’inconnu, de nouvelles choses, bref je suis pas mal excité en ce moment. 

Tu parles de nouveau départ, qu’est-ce qui justement a changé ?

A l’heure actuelle, je pense au live car le disque est loin, je l’ai fini depuis plusieurs mois. C’est penser aux prochains concerts, avec mes musiciens autour de moi, qui me fait le plus envie.

Je n’aurais jamais cru te voir un jour avec des musiciens sur scène autour de toi !

C’est vrai que ça change tout, c’est radicalement différent, plus la même démarche, et au final le résultat change aussi. C’est plus visuel, plus fougueux mais aussi plus humain pour moi.

C’est quelque chose qui te faisait envie depuis longtemps ?

C’est vrai que ça fait longtemps que j’y pense, mais j’ai été très content de pouvoir pendant toutes ces années me créer un dispositif, d’aller jusqu’au bout de celui-ci, et finalement d’en voir les limites. Cela faisait longtemps que jouer avec des musiciens m’attirait, et cette fois, en écrivant le disque, je ne me suis privé de rien, je suis parti dans tous les sens. Et au bout d’un moment, je me suis dit que je ne serais jamais capable de jouer tout ça en live ! Et après, je me suis dit que c’était tant mieux, que c’était l’occasion ou jamais.

Comment tu les as rencontrés ? Je me souviens que tu m’évoquais un projet avec l’orchestre de Bar-le-Duc…

En fait, ça n’est pas lié du tout, ce sont simplement des amis d’amis. Maxime, le clarinettiste, a enregistré avec moi, on est devenus super potes, on a eu un bon feeling et ça s’est fait instinctivement. Je lui ai demandé s’il voulait venir avec moi en tournée cette année et c’était fait. Camille, au violoncelle, est une cousine d’une fille qui a fait ses études avec moi. Chaton, à l’alto, est une personne avec qui j’ai joué au Conservatoire, et que j’ai retrouvée à Metz. Il jouait dans des groupes divers, et je le savais à la fois altiste et féru de synthétiseurs, et je me suis dit que ce serait la personne idéale. Il se trouve que là aussi, il avait envie de faire plus de musique, et ça s’est fait ainsi.

Est-ce que cette formation, violoncelle-alto-clarinette, tu l’avais en tête dès le début ?

En fait, j’avais une idée de la formation, pas arrêtée non plus car je pensais ne pas trouver ce que je souhaitais. Violoncelle, j’étais certain, pareil pour la clarinette, après j’aurais pu le faire avec un contrebassiste, mais moi je voulais un deuxième violon. Je ne pensais pas pouvoir trouver un altiste, et d’avoir rencontré ce gars-là, c’est encore mieux. Certaines parties que j’ai enregistrées au violon, il peut les jouer, et on peut faire bien plus, ça élargit le spectre et ça fait une superbe combinaison.

Tu parles de la façon dont vous pouvez vous compléter : tu as justement pensé à tes anciens morceaux, à ce que ça peut leur apporter ?

Sur scène, on va jouer tout « Deltas », mis à part deux morceaux, et c’était simple car on partait de 0. Pour les anciens titres, c’est assez fun de redécouvrir des anciens morceaux, sur lesquels j’avais un lourd passé. Là, on a des versions très différentes, c’est vraiment super comme rendu.

Penses-tu que ça va changer le regard des gens, des professionnels, de voir Chapelier Fou comme un groupe ?

Bon c’est vrai que ça change plein de choses, c’est déjà plus lourd économiquement ! Mais j’avais envie de faire ça comme ça, vraiment. C’est quelque chose de nouveau, j’y crois, alors on le fait car j’en suis fier.

Tu peux… J’ai trouvé que c’était à la fois ton disque le plus dense, mais aussi le plus accessible.

C’est vrai que je me suis beaucoup amusé, tant mieux si ça se sent. Il y a presque de l’humour, tu me parlais de « Triads for Two », c’est un morceau qui me fait marrer ! C’est vrai que j’ai fait des collages assez osés. 

C’est vrai qu’il est assez éclectique je trouve…

Oui, mais je pense aussi qu’on a fait une première partie, les cinq premiers morceaux on va dire, très dynamique, qui donnent 25 minutes enlevées pour rentrer dans le disque. 

Sur « Tickling Time » avec Gérald Kurdian, on dirait presque de la pop.

Oui, j’aime bien assumer quelque chose de presque sirupeux, mais pour autant ça reste un théâtre d’expérimentations. Les rythmiques sont faites au synthé modulaire, c’est un peu fou comme morceau, et j’ai toujours envie de faire un disque de pop, avec des chanteurs et tout.

Tu as l’impression que les gens perçoivent ta musique comme élitiste, érudite ?

Moi, j’ai une musique qui a une fonction de musique, ça paraît bête mais j’assume. ce n’est pas « savant », mais ce n’est pas une musique de spectacle. Pour moi, c’est fait pour être écouté, alors que de nos jours on a des musiques pour chaque fonction. Je trouve qu’en soi, venir en concert écouter un groupe, jouer les chansons que j’aime, c’est déjà énorme. J’ai besoin de trouver de l’émotion.

Et pourtant, je trouve que c’est spectaculaire de te voir seul sur scène !

Je ne sais pas… J’essaie de rester moi-même avant tout, et là ça va changer un peu ma façon d’être sur scène avec la nouvelle formation. Je ne vais plus attirer les regards, les gens viendront nous voir, en tant qu’ensemble. 

Tu me confiais déjà des envies d’aborder d’autres styles, etc… la dernière fois. Tu as pu t’y plonger ?

J’ai composé pour un disque de chansons, mais ça prendra du temps. Je suis dans tout ce qui est l’électro, l’expérimental au travers du synthé modulaire, que je pratique vraiment depuis un an et demi, deux ans. C’est plus un à côté. 

Pour en revenir au disque, « Tea, Tea, Tea », ton premier single, a plein de références aux mathématiques, comme d’ailleurs d’autres titres de tes chansons…

Oui, il y a des superpositions de séquences de 5 temps, de 6 temps, et on a mis l’accent sur les motifs, qui font écho à ça. 

 

C’est la première fois que tu fais un clip aussi marqué dans l’esthétique.

On a pris le temps de bien s’organiser pour faire un clip vraiment bien, on a eu un peu de fonds et d’aide de mon manager pour mener ça à bien. J’ai travaillé avec des amis, un vrai travail d’équipe et c’était détendu.

Tu parles d’être détendu, c’était ton état d’esprit au moment de l’écriture du disque ?

J’étais un peu déprimé pendant un certain temps après « Invisible« , pendant 6 mois je n’y arrivais pas du tout. Puis je me suis débloqué, je suis parti dans des directions plus joyeuses, et le doute que j’avais était parti, et j’ai rebondi. Cette période de merde (sic) m’a permis de retrouver une nouvelle envie en fait.

Cela se ressent aussi dans la pochette, colorée, quand celle d' »Invisible » était dans des teintes de gris.

Je m’y suis investi, et avec Greg qui a fait mes anciennes pochettes, on avait envie de refaire un truc ensemble, et j’ai eu envie de changement. Puis j’ai fait appel à un autre pote, Plancton Neuf, avec qui je joue du synthé modulaire dans un groupe, et il m’a fait cette pochette. Et paradoxalement, ça me correspond mieux, en tout cas sur le moment. Cela correspond à un changement plus global.

Tu n’es plus prof d’ailleurs ?

Non, plus du tout. Je donne toujours des workshops, des ateliers et j’aime ça, mais je n’ai plus d’étudiants. C’est à la fois par choix, par manque de temps et… non vraiment, je manque de temps. J’aime pourtant vraiment ça, mais je ne peux pas trouver plus de temps pour ça.

Tu as d’autres projets en cours ?

J’ai pas mal d’autres projets, comme une installation que j’avais faite à Rennes (le Végétophone), je fais des DJ-sets, les journées sont vite remplies. Mais avant tout, la tournée !

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