Le label indépendant nantais FVTVR Records organise son premier festival à Nantes les 9, 10 et 11 juillet prochains : Quentin Gauvin, label manager, nous raconte pourquoi « le futur, c’est maintenant » !
Le label Futur, c’est quoi ?
Futur est un label indépendant basé à Nantes et créé en 2008 par moi-même, Quentin Gauvin, et Raphaël d’Hervez, mon ami d’enfance. On a d’abord créé le label sous forme associative pour sortir le premier album de Minitel Rose (ndlr : groupe composé de Quentin Gauvin, Raphaël d’Hervez et Romain Lemé), dont la distribution et la promotion étaient assurées par la structure La Baleine. Au-delà de notre groupe, Raphaël et moi avions toujours projeté de créer notre propre label. Nous avions quelques modèles en tête, à la fois pour le graphisme et pour l’esthétique, notamment le label californien Stones Throw, spécialisé dans le hip-hop, mais qui s’est ensuite ouvert à plein d’esthétiques. On a eu la chance que le premier album de Minitel Rose marche bien : il est sorti au bon endroit, au bon moment (c’était en 2006-2007, la pleine époque de MySpace), et il a rencontré son public. Le projet a pris pas mal d’ampleur en quelques années, et l’album s’est vendu à près de 15 000 exemplaires, ce qui nous a rapporté assez d’argent pour financer d’autres disques.
A l’époque, on faisait partie d’un collectif qui s’appelle Valérie, qui existe toujours, et on fréquentait d’autres artistes nantais qui partageaient la même esthétique musicale que nous, l’électro-pop, mais aussi le même collectif de graphistes (les Allemands de The Zonders). David (Grellier) venait de terminer son premier album sous le nom de College : il nous l’a fait écouter et on lui a proposé de presser son disque. Nous n’avons jamais été en recherche d’artistes ; les autres sorties du label sont toutes liées à nos rencontres ou à notre entourage direct : le batteur de Minitel Rose qui jouait dans le groupe Rhum for Pauline, le petit frère de Raphaël qui est bassiste de Disco Anti Napoleon, etc…On est très sollicités, comme tout label indépendant, mais on continuera à travailler plutôt avec des gens qu’on connaît bien car on a assez d’amis talentueux pour ne pas avoir besoin d’aller chercher ailleurs.
Comment vous partagez-vous les tâches avec Raphaël ?
On fait un peu de tout, mais selon nos affinités, moi je m’occupe plutôt des aspects juridique, relations publiques et administratif, et Raphaël est plus impliqué sur l’aspect artistique (production et enregistrement). Plus récemment, on a eu l’occasion de signer un deal avec Sony, un contrat de licence-label qui nous permet d’avoir les moyens d’une major tout en restant indépendants et de garder une liberté artistique totale. Cela veut dire que Sony s’est engagé à sortir un certain nombre de disques de notre catalogue contre une avance d’argent qui nous permet de financer toute la partie artistique (enregistrement des disques, graphisme, clips). Ils s’occupent donc de la promotion et de l’aspect marketing, ce qui coûte le plus cher aujourd’hui à la sortie d’un disque.
La communication avec Raphaël est très fluide et les échanges très naturels. Au-delà d’être la personne avec laquelle je travaille, c’est mon meilleur ami, on échange tous les jours et on a la chance d’être à 90% d’accord sur tout. Il a parfois l’ambition que je n’ai pas, et à l’inverse, j’ai ce côté carré qui peut lui manquer.
Comment est né le festival FVTVR : j’ai lu que c’était une somme de coïncidences ?
On a toujours organisé des FVTVR parties avec les groupes depuis les débuts du label, à Nantes et à Paris. Mais l’année dernière, on a inauguré dans les locaux de Trempolino une soirée qui s’est super bien passée, et qui est reconduite cette année. Elle tombait au même moment que la résidence qu’on a au lieu unique depuis un an. Et puis on avait aussi projeté de réinviter un artiste qu’on avait déjà fait jouer l’année dernière, Jerry Paper. On s’est rendus compte que tout tombait à la même période et que c’était l’occasion idéale pour franchir une étape supérieure : on pouvait labelliser plusieurs soirées et en faire un vrai événement FVTVR. Notre ambition est qu’il y ait du monde, que ça plaise aux gens et que les groupes soient contents. C’est une première, donc on verra quels sont les retours, mais l’idée est de trouver un modèle pour essayer de faire perdurer la chose, tout en conservant cet esprit « fête à la maison ».
Le festival réunit certains groupes du label ayant une actualité…
Oui, Rhum for Pauline est en plein dans l’actualité. Le groupe vient de sortir un EP et leur premier album va sortir fin septembre après un long travail : ça sera l’occasion pour les gens de voir les nouveaux titres joués pour la première fois sur scène. DAN a sorti son album l’année dernière, mais ils sont déjà en train de travailler sur de nouvelles chansons. Même s’il ne joue pas lors du festival, Pegase vient de sortir un EP avec deux nouveaux titres qui annoncent un album pour début 2016. Et bien que le projet Minitel Rose soit en pause, les membres du groupe ont fondé ensemble Romantic Warriors, qui a sorti un disque et qui en prépare un nouveau pour bientôt. Romantic Warriors est une évolution naturelle pour nous, parce qu’on a toujours fait des projets ambient, un peu fous, mais on a changé de nom parce que c’est complètement différent de ce qu’on fait avec Minitel Rose.
Jerry Paper est le seul artiste de la programmation qui ne soit pas Nantais…
C’est vrai. Il a déjà joué l’année dernière, également au Chien Stupide, et ça s’était très bien passé humainement avec lui. Le public n’était pas forcément nombreux, mais tout le monde en a gardé un très bon souvenir. Entretemps, il a sorti un nouvel album sur un plus gros label (ndlr : Bayonet Records) et il a eu de bonnes chroniques dans Pitchfork. On se retrouve dans sa musique et dans la scène dont il fait partie : il joue par exemple avec Mac deMarco.
Son projet est plus éloigné de l’esprit FVTVR, moins électro…
En fait, FVTVR n’est pas un label électro : il n’y a pas un seul synthé dans Rhum for Pauline par exemple. Les gens nous collent un peu cette étiquette de label électronique, car historiquement, Minitel Rose (et encore, c’était juste du rock avec des synthés) ou College ont été des signatures assez électro, qu’elles ont bien marché et donc elles ont marqué les esprits. Mais on écoute autant d’électro que de rap ou de jazz, et le label est le reflet de ça. Aujourd’hui les étiquettes c’est un peu désuet, car il n’y a plus de label qui ne sort qu’un seul style de musique, tout comme plus personne n’écoute plus qu’un seul style de musique.
Et pour finir, quelques petites questions à la thématique « futur »…
Que trouve-t-on en ce moment sur ta platine, FVTVR ou hors-FVTVR ?
En ce moment, j’écoute tous les disques d’un collectif anglais qui ressemble pas mal à FVTVR, Tasty Morsels, notamment le groupe Column, un mélange entre Connan Mockasin, Metronomy et Mac deMarco.
Ton film de science-fiction préféré ?
« Star Wars, Le Retour du Jedi ».
Si tu devais revenir dans le passé, quelle époque choisirais-tu ?
C’est dur parce que j’aimerais beaucoup voir les dinosaures, mais avec les gars on est des grands fans de la période médiévale, d’où le nom Romantic Warriors. On a une idée un peu fantasmée des chevaliers… J’aurais aussi beaucoup aimé être à certains endroits dans les années 70. Mais s’il fallait vraiment choisir un moment dans le temps, j’irais plutôt dans le futur. Je suis super frustré de ne pas savoir ce qu’il va se passer, ne serait-ce que d’ici 200 ans. Je suis passionné par les robots, les nanotechnologies et le transhumanisme, notamment la perspective très proche de l’immortalité selon certains scientifiques. C’est très intéressant, mais ça fait se poser un milliard de questions. C’est de la science-fiction, mais maintenant. Le futur, on est dedans .
Pour retrouver le programme complet du festival qui aura lieu les 9, 10 et 11 juillet à Nantes, c’est ici.