Elliott Smith est décédé le 21 octobre 2003. A l’occasion des dix ans de sa mort, on aurait pu s’attendre à une avalanche de reprises et/ou de commémoration ; il y en a eu tout de même mais Elliott Smith n’est pas Lou Reed ou Kurt Cobain et on est finalement plutôt contents que les vieilles recettes du marketing ne s’appliquent pas à un artiste aussi précieux pour nous. C’est étonnamment en ce début 2015 que deux albums hommage au musicien de Portland sortent :
> le premier est l’œuvre du label/site belge paperheartmusic.net
> le second (très beau également) est signé du duo Seth Avett & Jessica Lea Mayfield.
« Oh, well, okay »…a paperheartmusic.net tribute to Elliott Smith
Quatorze titres des membres ou amis du label, avec comme toujours dans ce type d’exercice des versions conformes aux originaux, des réappropriations, des prises de risque. De belles réussites et quelques mini-plantages qui reprennent toute la discographie d’Elliott Smith (avec une petite prédilection pour « Figure 8 »).
Tout commence de manière éthérée avec le beau « Twilight » de Forteens, suivi par une version avec une batterie très en avant du très Beatlesien « Say Yes ». Autopilot propulse « Half right » (titre tiré de la compilation posthume « New Moon ») dans la cold wave à coups de basse ronde, de synthés et de vocodeurs – un coup de poker franchement payant (ils offrent également une version acoustique du titre) ! On sera un peu plus sévère avec the .nude hour qui revisite avec harmonium et harmonies vocales l’un de mes monuments personnels, « Between the bars », sans toutefois réussir à en préserver toute la délicatesse.
Les trois morceaux suivants (« Everything means nothing to me », une version acoustique de « Son of Sam » et « Bottle up and explode ») donnent lieu à interprétations agréables mais pas vraiment révolutionnaires. A l’opposé, la version bossa-soul de « St ides heaven » par Andrew Sisk & Michael Feuerstack est, elle, un peu désarçonnante mais finit par séduire… MyCatIsGreen offrent une version légèrement bondissante (mais somme toute fidèle) de « L.A. ». Virage rock – mais en restant toujours dans l »esprit « smithien » – avec la reprise de « A question mark » par Eddy Beaurivage et sa fin toute en guitares puis avec De portables qui termine « Speed Trials » en noisy-pop. Retour à un folk de bon aloi avec une belle version, tout en candeur, de « Easy Way Out » par Buzzyshyface qui se termine assez bizarrement (est-ce bien voulu ?).
On termine (très bien) avec deux de nos chouchous chez POPnews : tout d’abord Half Asleep qui, débutant avec quelques guitares et des harmonies vocales somptueuses, finit par déconstruire « Roman Candle » en faisant résonner ses paroles inquiétantes. Et pour finir, Julien Pras nous a dégotté une petite merveille, typique du sens mélodique d’Elliott Smith – « True Love » ne figure sur aucun album officiel mais est à n’en pas douter un grand morceau du chanteur. Pras l’interprète vraiment magnifiquement témoignant, comme toute l’équipe de paperheartmusic.net, d’un véritable amour pour le défunt folk-singer.