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Disques

Tiña – Positive Mental Health Music

Squid, black midi et Black Country, New Road sont trois jeunes groupes anglais qui ont vu leur renommée fortement croître au cours des toutes dernières années. Et ces trois-là ont tous un point commun : c’est sur le même label qu’ils ont sorti leur premier (ou l’un de leurs premiers) single. Ce label s’appelle Speedy Wunderground et il est dirigé, depuis sa création en 2013, par Dan Carey, producteur reconnu pour son travail avec, entre autres, Franz Ferdinand, Bat For Lashes ou encore Fontaines D. C.. Ce label a la particularité de, bien souvent, ne sortir que des singles. Les morceaux sont enregistrés dans le studio de Dan Carey, situé dans le sud-ouest de Londres, où chaque groupe doit se plier aux mêmes règles inflexibles : la chanson doit être enregistrée dans la journée, les overdubs sont limités au minimum et le single sort en quantités limitées. A la fin de l’année, tous ces 45-tours sont regroupés sur une compilation. En 2019, Speedy Wunderground a ainsi sorti la quatrième. Sur celle-ci, figurait la chanson “I Feel Fine” de Tiña.
Tiña est un quintette qui s’est créé autour de son leader Joshua Loftin. Avant de former ce groupe, celui-ci faisait partie de Bat-Bike, formation issue de la vague garage rock menée par Fat White Family, qui sévissait dans le sud de Londres il y a quelques années. Bat-Bike s’est séparé au bout de six ans et Joshua Loftin a fondé Tiña peu après. Cette nouvelle équipe a alors été repérée par Dan Carey qui leur a proposé de rejoindre Speedy Wunderground. Et c’est maintenant sur ce label que Tiña sort son premier album (produit par Dan Carey bien sûr) qui est aussi le premier long format publié par cette maison.

Joshua Loftin a écrit les chansons de cet opus alors qu’il faisait une dépression nerveuse. Il a même suivi une psychothérapie pendant une partie de leur temps d’écriture. Fort logiquement, cela a grandement influencé la nature des textes, ceux-ci étant très imprégnés par les thèmes de l’anxiété, de la dépression et de la peur mais exprimés de manière poétique et même avec un certain humour. La preuve avec “Buddha”, le morceau d’ouverture où autodépréciation (“I spend most the time feeling like the laziest man”) et humour (“I hope this song does something for someone / And if not, at least, I’ve done a song”) se mêlent sur un rythme ralenti et relâché. Ce style nonchalant et décontracté, typique d’un certain rock américain des années 90, entre néo-psychédélisme et rock slacker, est vraiment le principal trait de caractère de Tiña. Dès “Rosalina”, la chanson suivante, le ton s’avère plus grave mais dégage en fin de compte une même impression de laisser-aller et de coolitude.
De plus, le chant de Joshua Loftin varie beaucoup au fil de l’album, pouvant être grave, aigu ou encore éraillé comme sur “Growing in Age” où il démontre qu’il peut toujours être à fleur de peau en arrivant à presque hurler “I feel that I am insane” au cœur de la chanson. Sur “Dip”, sur un rythme toujours aussi nonchalant, au travers d’une voix très aiguë, il se livre à l’introspection, revenant sur quelques-uns des moments les plus sombres qu’il a traversés. L’album héberge également “It’s No Use”, superbe ballade joliment arrangée (avec notamment la présence d’un violoncelle en arrière-plan), chantée du bout des lèvres par Joshua Loftin sur un rythme encore ralenti. Ce recueil de chansons se termine avec “People”, une sorte d’appel à l’unité où, de manière tout autant indolente, l’Anglais semble vouloir reprendre contact avec l’espèce humaine après une longue période de dépression (“People, I seem to have missed you somehow /I got caught away in a stormcloud”).

A l’écoute des onze titres composant cet album, même l’auditeur distrait est nécessairement charmé par son côté décontracté. Bien qu’il ait connu une période difficile, le leader de Tiña a pu s’en sortir en composant une musique qui, comme le suggère le titre de l’album, s’est avérée positive pour lui. Ces chansons ont donc démontré leurs vertus thérapeutiques, ce qui ne peut que nous être utile à nous aussi en ces temps particulièrement troublés.

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