The Reed Conservation Society a de la suite dans les idées. Après son “Ep1” vient logiquement son “Ep2” (il y a eu en fait un joli 45-tours de trois morceaux dans l’intervalle, envoyé aux fans en début d’année), et dès l’emballage, soigné, la continuité dans un esprit de collection saute aux yeux. Nouveau portrait féminin peint par Barbara Chwast (cette fois dans des tons vieux rose et vert céladon), même nombre de titres (six), même typo… Tout juste note-t-on un effectif nettement renforcé autour du trio Mathieu Blanc (M. Lips), Laurent Riatto (Lt. Replay) et Stéphane Auzenet (OZ, chanteur et auteur des compositions) : des voix supplémentaires, quelques cordes, un bel ensemble de vents, et même un theremin sur un morceau.
Si ces adeptes de l’autoproduction se donnent donc les moyens de leurs ambitions, la sobriété reste heureusement de mise. D’entrée de jeu, “Antonio Bay” (un clin d’œil au “Fog” de John Carpenter, même si musicalement on est très loin de ses B.O.) impose un son clair, sans effets, un peu plus dynamique qu’à l’habitude, la voix toujours mise en avant. Porté par un irrésistible riff de guitare très légèrement saturée, le morceau bifurque sans prévenir au bout de deux minutes vers une sunshine pop qui l’ancre définitivement en Californie. Où l’on reste avec le suivant, la douce ballade “Joni & David”, évocation de deux fortes personnalités de Laurel Canyon qui poursuit le petit jeu des références entamé sur “Ep1” avec “Mimi Parker” (de Low) et poursuivie sur le 45-tours avec “Kozelek”.
“Love Record Story” est peut-être le morceau le plus étonnant du disque : une histoire à deux voix (celles d’OZ et de Bénédicte Villechange) et à tiroirs, servie par une instrumentation baroqueuse (clavecin, notamment) et conclue par un chœurs d’enfants quasi a capella ! TRCS a autant le goût des arrangements stylés et audacieux que des chansons narratives, aux thèmes inattendus : sur le très beau “Astronomy Divine”, Stéphane Auzenet incarne Caroline Herschel (1750-1848), astronome et musicienne allemande longtemps restée dans l’ombre de son frère auquel elle était totalement dévouée.
C’est une certitude, il y a plus d’idées et de mélodies mémorables dans ces quelque 28 minutes que dans bien des disques deux fois plus longs. On attend donc avec autant de confiance que d’impatience l’ultime volet de ce qui devrait être une trilogie. En espérant qu’il sera alors possible de savourer aussi ces chansons en live.
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