“Toi non plus (chronique d’une séparation)” avait été une très belle surprise. Ce disque pudique et audacieux de Maud Lübeck avait révélé une sensibilité rare. Comme en miroir, la musicienne revient avec “Divine”, qui vient nous parler de la rencontre amoureuse. Loin de s’y disperser, Maud Lübeck y trouve un nouveau terrain d’expression, qui vient rappeler toutes les facettes de cette période, qu’elle revisite avec beaucoup d’élégance et une légère réserve.
Souvent bâties sur une base de piano-voix, les chansons proposent une belle palette de nuances, glissant ici des chœurs, là des cordes, et, quand il le faut, une rythmique légère. La finesse de l’ensemble est la signature d’une déjà grande, à l’instar de sa complice Maissiat (aux chœurs), et chaque morceau vient construire cette vision mélancolique du moment où l’on devient deux. La sidération qui laisse bouche bée (“Divine”), le chamboulement intérieur (‘“Amoureuse”, magnifique), la peur aussi (“A deux”) ou les souvenirs parfois douloureux (“L’Absente”, “Ne me dis pas”), toutes ces étapes sont autant de petites pièces musicales bâties avec talent et mesure. Il fallait sans doute à Maud Lübeck une écriture et une réalisation solitaires pour trouver des mots si justes et confier au disque une dimension si intime. Toujours est-il que nous sommes ravis qu’elle partage avec nous ces chansons courtes (au nombre de neuf, pour 24 minutes au total), mais dont l’effet est inversement proportionnel à leur brièveté.