Nous nous sommes tant aimés, les Japandroids et nous. On ne reviendra pas sur ce qu’on a senti de grand et glorieux sur « Post Nothing » ni sur ce qu’on a écrit sur « Celebration Rock » mais voilà, on atteint avec « Near to the wild heart of life » un certain point de non-retour. Les Japandroids ont vieilli et leurs qualités sont devenues des défauts : si les paroles étaient débiloïdes, on appréciait néanmoins leur spontanéité, cette énergie brute qui nous faisait décoller en pleine remontée de The Thermals ou de Weezer. « Near To the Wild Heart of Life » fait le point sur leur nouvelle vie de rockstars en tournée des pitchfork festival, un album en forme de constat, assez direct et finalement peu glorieux (vous vous souvenez de Beavis et Butthead ? Les voilà en vrai). Attention : s’ils ont fait des efforts, on reste quand même au ras des pâquerettes et bas du front, genre cette merveille de songwriting : « So I Left my home. And all I have. I used to be good and now I’m bad ». Le tout sur un rock FM, shogazer à la petite semaine (semelle ? ), idéal pour les radio campus des universités américaines. Problème : y a-t-il encore ce genre de radio ? Et surtout des gens pour les écouter ? « Is it really broadcasting if there’s no one listening », chantait Albini sur « The End of Radio », chanson prophétique à plus d’un titre. Autre problème : la diffusion. La musique des Japandroids, déjà portée sur les aigus, en mp3, casse méthodiquement la tête et il faudra envisager une écoute en vinyle uniquement. Ça tombe bien, Polyvinyl offre une belle édition en vinyle marbré avec poster et luxueux livret format LP contenant moult photos de nos deux comparses en tournée dans tous les sens (mais enfin, principalement entre « North East South West » comme ils nous l’assènent en plage 2). Alors, le vinyle réservera une écoute un peu plus équilibrée avec quelques basses bienvenues et une meilleure répartition des titres. La pause en plein milieu sera bien accueillie et la reprise avec « Arc Of Bar », tube de l’album, ne sera que plus appréciée.
Malgré tout, quel avenir pour les Japandroids ? On imagine le pire et le mieux qu’on puisse souhaiter serait une fin honnête, conclue par cet album acceptable, certes, mais à la limite du pompier. Le pire ? Que Sophia Coppola tourne une suite de « American Pie » avec Scarlett Johanson dans le rôle de la sœur de la maman de Stiffler, le tout rythmé par une BO produite exclusivement par les Japandroids.
Au final, « Near To the Wild Heart of Life » nous fait l’effet d’une téquila rapido : un truc sucré, qui monte direct à la tête, hyper efficace et totalement dépassé.