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Japandroids – Celebration Rock

Japandroids - Celebration Rock

Alors que mes goûts me portent aujourd’hui vers les claviers de l’electro pupute de Hot Chip ou vers les retrofuturistes inspirés d’Egyptology, les Japandroids viennent me rappeler aux bonnes vertus de la guitare électrique, du head banging forcené (mais mesuré en ce moment : béquilles obligent), du shoegazing, du punk rock, des batteurs bûcherons… Auteurs d’un excellent premier album, « Post-Nothing », dont il faudra qu’on reparle plus en détails, notre duo de Vancouver avait mis le feu au poudre en 2009 en tirant à boulet rouge sur la clique arty de l’indie pop. Retour aux fondamentaux : tubes pop débiles (souvent quelques phrases en boucle) plus hurlés que chantés, une guitare shoegaze un pied dans le punk rock américain millésimé fin 80, 90, un autre dans le post hardcore de la même période, des gueules d’abrutis amerloques en sweat à capuches. Bref, rien de très bandant a priori pour la hipsphère. Mais Dieu que c’est bon de sautiller sur ces Japandroids à ranger directement dans les produits dopants et hautement addictifs !

Avec le dernier album, Celebration Rock, on prend un peu peur. Et si la formule magique s’était perdue ? Pire, s’ils avaient vieilli ? Visuellement, on est dans la continuité : même pochette noire et blanche, même photo débile, anti-paillettes. Et dès « The Night of Wine and Roses », nous voilà rassurés. Le titre, énorme, démarre avec un sample de feu d’artifice, une batterie en fond sonore, puis les riffs, enfin le chant (des trucs profonds comme « We yell like hell to the heavens ») et c’est parti : j’ai quinze ans, les cheveux gras et une éruption de sébum. Toujours efficaces, ils n’en ont pas moins appris deux ou trois trucs : les feux d’artifice du début font écho aux coups de butoirs de la fin du titre, anti solo de batterie dans la pure tradition punk rock. La production est plus aérée : la batterie a dû être enregistrée dans un hangar, le son de la guitare est moins brouillon et bénéficie de quelques overdubs. Les chansons sont plus longues (on n’osera quand même pas parler de travail d’écriture…) et amplifient le côté pop du groupe. Moins post hardcore que punk rock donc et pas loin du travail de The Thermals par bien des aspects (sans le côté politique).

Dans les nouveautés, on trouve « For The Love of Ivy » : reprise du Gun Club (Bon dieu mais c’était donc ça !), blues rock émaillé de larsens qui me fait enfin passer la pilule Black Keys et confirme le bon goût des Japandroids en matière de reprises auxquelles il nous ont habitués sur leurs faces B. Sur le turgescent « Younger Us », une fontaine de guitares shoegaze explose en plein milieu pour célébrer la fougue de la jeunesse avec encore un texte d’une poésie infinie : « Gimme that night you were already in bed, said fuck it got up to drink with me instead ». D’ailleurs toute la substance de Japandroids est là : une fuite en avant du temps et de ses ravages avec comme seule couverture, l’esprit du rock n’roll, mythe frelaté de vieux cons, toujours efficace, malgré tout, du moins le temps d’un album (surtout s’il n’est pas long, voir les fameuses 35’ chères aux Rolling Stones). Autre temps, autre tube : « That House that Heav Built », soit du pur The Thermals en plus couillu, presque taillé pour les stades avec ces « hohohoho hohohoho ! », son break, sa batterie à toute berzingue (avec un petit clin d’œil à l’ouverture : on approche de la fin de l’album, de la fin de la set list).

Enfin, on termine en beauté avec la profession de foi, « Continuous Thunder » : « If I had all of the answers and you had the body you wanted, would we love with a legendary fire ? » Pendant que le refrain reprend « Singing out loud, like continuous thunder », la musique s’efface, ne gardant que les toms basses virant de plus en plus à l’étouffée et pendant que nos petits cœurs battent à l’unisson, les feux d’artifice retentissent à nouveau dans le fade out de la batterie. Ah, ils savent nous remuer les petits bâtards de rockeux !

Huit titres, trente-cinq minutes (évoquant sur leur site leurs -bonnes- références pour cet album, ils citent : « Raw Power » de the Stooges, « Born to Run » de Springsteen, « IV » de Led Zeppelin, « Let it Be » de The Replacements, « Revolver » des Beatles et « Pet Sounds » des Beach Boys) : on en sort les oreilles en choux-fleurs mais heureux comme un puceau enfin déniaisé.

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