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Gardens & Villa – Music for Dogs

Gardens & Villa - Music for Dogs

Si “Music for Dogs” est déjà le troisième album des Californiens de Gardens & Villa, on ne peut pas dire que les deux précédents – produits respectivement par Richard Swift et Tim Goldsworthy, tout de même – aient eu un fort retentissement chez nous. Ce nouveau disque va-t-il changer la donne ? Difficile à affirmer, mais toujours est-il que cette collection de dix chansons (précédées par une intro instrumentale façon “préchauffage des machines”) ne manque pas d’atouts. Réalisé par le duo de base Chris Lynch et Adam Rasmussen et des musiciens additionnels, entre deux côtes (enregistrement à Los Angeles, mixage et post-production à Brooklyn), le disque déroule sans accrocs une pop légèrement expérimentale, où les guitares font jeu égal avec les synthés. On pense à quelques fines lames des 70’s et 80’s : les premiers Eno, Roxy Music, les Sparks, Be-Bop Deluxe, les Cars, Ryuichi Sakamoto et Yellow Magic Orchestra (peut-être à cause des idéogrammes sur la pochette, plutôt conceptuelle), et à une tripotée de groupes new wave américains ou britanniques, mainstream ou plus indie (les guitares très “early Cocteau Twins” sur “Express”).

Apparemment, les textes chantés par Chris Lynch d’un falsetto suave, légèrement maniéré, tournent autour de la modernité aliénante, internet, les réseaux sociaux, le virtuel, la surveillance généralisée, la solitude dans la grande ville, et autres interrogations existentielles typiquement occidentales. Pour tout dire, on se fiche un peu de ce qu’il cherche à exprimer, surtout à l’écoute d’un morceau aussi abouti que “Fixations”. L’enchâssement de mélodies est assez complexe, mais tellement fluide que l’air reste en tête après seulement quelques écoutes : du grand art, digne des meilleurs moments de The Sea and Cake, avec un peu de psychédélisme à la Tame Impala. Au petit jeu des rapprochements, on citera aussi les moins synthétiques The Shins (avec qui ils ont tourné), Ariel Pink dans ses moments les plus apaisés, leurs amis de Pure Bathing Culture ou le duo Tanlines, qui pourrait être leur correspondant new-yorkais.

Gardens & Villa n’est pas de ces groupes qui suscitent de vives passions. Leur musique est trop référencée, lissée, cadrée, même dans ses légers débordements et velléités déviantes (le punchy “Maximize Results”). Les musiciens viennent de la paisible et ensoleillée Santa Barbara (même s’ils se sont installés récemment dans une grande usine désaffectée à L.A.), pas de Detroit ou de Minneapolis, et ça s’entend sans doute un peu. Concis, sans remplissage (avec le retour du vinyle, les groupes n’ont plus tellement intérêt à faire des albums d’une heure, et ce n’est pas plus mal), “Music for Dogs” est, disons, une réussite mineure. Un disque tout à fait délectable (surtout sa première moitié), qui a du chien et qu’on ne laissera pas aux chiens, malgré son titre.

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