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Disques

Mansfield.TYA – Corpo Inferno

Mansfield.TYA - Corpo Inferno

Si le duo français a toujours su prendre son temps entre deux disques, il n’en a pas moins été occupé depuis l’excellent “NYX”. Un très convaincant album de remixes (“ReNYX”), une réédition du premier album “June”, une tournée acoustique qui s’en est suivie, et désormais ce “Corpo Inferno”. Si celui-ci n’est que le 4ème album original du groupe, il se dégage déjà une forte cohérence de ces disques, qui trouvent un nouveau prolongement sur ce nouvel opus. Peut-être faudrait-il plutôt dire ramification, tant Mansfield.TYA continue à être fidèle à son univers tout en y introduisant de nouvelles pistes.

 

Envoyé en éclaireur, “Bleu Lagon” est aussi une première fausse piste : électro pop faussement sucrée, faussement joyeuse aussi (“je vais faire la fête à en crever”), le morceau mélange des textes qui laissent augurer un peu de lumière et des craquelures dans la mélodie. Mansfield.TYA ayant toujours préféré les atmospères incertaines ou menaçantes plutôt que le plein soleil, il n’est donc pas surprenant de voir les filles privilégier des morceaux sombres à l’envi, avec comme belle nouveauté un goût pour les claviers analogiques au son menaçant mais ample, creusant un peu le sillon entrevu sur “ReNYX”, fait de claviers presque cold-wave. La réussite est totale, sur l’instrumental “Fréquences” (pas si loin du travail de Bernard Fèvre), sur “BB” (au “romantisme” pour le moins détraqué), et encore plus encore sur l’hypnotique “Les Contemplations”. Les deux Françaises ne se contentent pas de renouveler quelques bases instrumentales, elles s’attachent aussi à construire les morceaux en une succession de motifs, avec des passages de violon qui tissent une ambiance lugubre (“Jamais jamais”) ou plus classique (“Le Monde du silence”). Le lien avec les précédents disques n’est jamais aussi fort que sur “Le dictionnaire Larousse”, dépouillé à l’extrême instrumentalement parlant mais au texte d’une acuité réjouissante. Il y aurait encore beaucoup à dire sans doute, sur les petits interludes à tendance médiévale (“Sodome et Gomorrhe”, “Gilbert de Clerc”) toujours justes, la participation de Shannon Wright sur “Loup Noir” (à l’ambiance riante, évidemment) ou le final lancinant qu’offre “La nuit tombe”. Mais ce serait sans doute gâcher le plaisir de la découverte de ce “Corpo Inferno”, qui promet peut-être la damnation à ceux qui l’écoutent mais se révèle un paradis à explorer.

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