Les filles folk ont souvent le coeur au bord des lèvres. Et parfois, tiens, il est plein de bile. Mansfield.TYA, duo lo-fi à violon râpeux, a souvent eu la grisaille lourde, voire plombée comme un Prince Miiaou débranché, une Laetitia Sheriff se morfondant entre les quatre barreaux de son âme. Et voilà qu’avec l’inspiration nocturne de « Nyx », les couleurs emplissent enfin leur musique. Mysterio ? Sexy Sushi, plutôt, l’alter-projet de Julia Lanoë, chanteuse sensible de Manfield.TYA, qui connaît depuis deux ans un succès mérité et exponentiel en meneuse de revue trash et multi-perruquée (alias Rebeka Warrior). Tout depuis est devenu possible et, vases communicants, les vannes se sont ouvertes pour Mansfield.TYA qui signe son album le plus goûtu et varié. Porté par un single entêtant, « Des coups, des coeurs » – leur « Twenty-Two Bar », on l’espère – « Nyx » déroule la nuit en saynètes douces et hagardes, parfois crissantes comme le rasoir sur la peau d’un loup-garou (« Nightdrive/Apocalypse »). Instrument décidément intrigant, le violon de Clara Palllone est traité avec beaucoup d’égards (« Xoxo », « La Notte »). On avoue une nette préférence pour les incursions percussives et synthétiques qui transforment certains morceaux en émules pantelants de These New Puritans (« Au Loin », « An Island Is An Island »). Et puis, « Nyx » a un atout de maître : « Logic Coco », transi comme un « Roche » pour les filles transplantées de Biarritz à Knokke-le-Zoute. On adore le refrain avec un bronzage des fesses qui « dessine un coeur vulgaire mais beau » et ces ronflements de bête adoucie pour marquer le rythme à mi-morceau. Comme souvent avec Julia/Rebeka, la folie rôde et plein de chevaux d’apocalypse ou non, jusqu’au « Cerbère », final un peu gâché par des voix flottant trop au-dessus. Malgré ces accrocs, « Nyx » a la « nuit chaude et sauvage » (je savais bien qu’un jour, je citerais presque les Avions dans une chronique).
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