“Suspense” a déjà deux ans quand sort “Cosmos 2043”. L’évolution est réelle, sans qu’elle n’ait été visiblement conditionnée par le punk alors très vivace : on est toujours sur des terres arides pour la forme, avec de “simples” claviers. Une fois de plus, les guillemets sont de rigueur tant la palette de son, et plus encore leur force évocatrice, marquent encore. Cette manière d’écrire de petites pièces musicales, parfois tout juste d’une minute trente, est unique, comme si Bernard Fèvre suivait un synopsis qui n’était connu que de lui. Charge à l’auditeur de peindre mentalement les paysages, ambiances ou encore personnages qui prennent place dans ces 13 morceaux, aux titres qui ne regardent que vers le ciel et l’espace.
Tout en maîtrise, car il en faut pour ne pas errer sans but, le Français nous parle donc d’une “Ronde interstellaire” au parfum de voyage sans retour, de paysages à l’ampleur menaçante (“Cimes éternelles”, “Moon Heart”, “Sunshine on Mars”), quand il ne s’agit pas d’une dérive au milieu des étoiles (“Earth Message”, “2043”). Etrangement, il y a peu ici d’invitations à danser, peu de prémices de l’explosion plus disco de l’album qui arrivera en 1978. Et pourtant, “Odyssée” et son minimalisme synthétique, ce petit caractère d’aventure, cette mélodie entraînante, referme le disque sur un mystère des plus salutaires. La fusée que pilote Bernard Fèvre avait déjà trouvé son orbite…