Ce retour de Jacco Gardner en terres bordelaises (un an après son passage dans le cadre du festival Bordeaux Rock 2014) se faisait dans le cadre des soirées Indie Club de la Rock School Barbey. Le plateau est cohérent en ce lundi soir, et a attiré du monde car le hall de la salle est comble, et la chaleur est déjà torride alors que les Angevins d’Eagles Gift s’apprêtent à monter sur scène.
Les cinq jeunes musiciens doivent d’ailleurs quelque peu se serrer pour trouver leur place, tant la scène, occupée entre autres par un petit orgue, est saturée. Cela n’empêche aucunement Eagles Gift de trouver ses marques, bien au contraire : ils me font forte impression dès les premières notes, et à aucun moment le groupe ne s’enlise. Puissante, psychédélique juste ce qu’il faut, portée par des riffs puissants, une batterie implacable et même un tambourin, la formation évoque les glorieux aînés des Black Angels (le disque d’Eagles Gift ayant été enregistré à Austin, ceci explique cela) ou encore The Brian Jonestown Massacre, sans les singer. Impossible de résister à la sourde colère qui émane de ces titres qui restent la plupart du temps en un format concis, l’exécution étant au moins au niveau de l’écriture de ces titres, qui en 45 minutes environ auront certainement fait de nouveaux adeptes.
L’air frais, même saturé de fumée de clopes dans la cour de la Rock School Barbey, fait un bien fou. Il est toutefois temps de retourner dans l’arène, car Jacco Gardner et ses musiciens sont installés, devant un mur compact de spectateurs qui tente d’apercevoir la scène. Un peu éloigné, je me fais une raison, car le spectacle n’est assurément pas sur scène, mais bel et bien dans le set, d’une bonne heure, qui va piocher peut-être un peu plus dans “Hypnophobia” que dans “Cabinet of Curiosities”, mais dont l’équilibre général est très réussi. Il y a toutefois un peu moins de féérie, une touche psychédélique un tantinet plus marquée que lors du précédent passage du batave.
Le public semble apprécier tout particulièrement les intrusions de la setlist sur le premier disque, avec un “Clear the Air” toujours aussi séduisant et entraînant, “Puppets Dangling” ou “Where Will You Go”. L’ambiance est quoiqu’il en soit au beau fixe, et les discrets musiciens du Néerlandais, efficaces au demeurant, prennent avec le même plaisir que le leader les manifestations bruyantes de la salle, qui malgré la chaleur reste unie. Il aurait été dommage pour elle de ne pas entendre en effet “Find Yourself” ou la lumineuse “Outside Forever”, qui à l’instar de la plupart des titres du nouveau disque, ont trouvé leur place dans la setlist. Au bout d’une heure, et après un rappel assuré malgré la fatigue tangible (la tournée est en effet copieuse), Jacco Gardner laisse une foule ravie. On la comprend, car la prestation du jeune homme fut, une fois de plus, d’un très beau niveau, certes moins dans un registre ensorcelant, mais avec une touche psychédélique qui lui sied bien.