Vendredi 24/01 : John and the Volta, Moon et Cass McCombs
Une affiche à trois têtes, avec une bonne dose de local. En effet, il y a pour ouvrir les John and the Volta, qui ont joué devant une salle déjà correctement remplie. Avec leur EP sous le coude, ils nous avaient aussi séduit lors d’une belle session, et l’occasion était belle de confirmer ces dispositions. Mission réussie, avec des compositions riches, qui s’étirent parfois un peu beaucoup (trop ?), pleines d’une atmosphère tout en subtilité, qui sait se faire plus nerveuse. Les passages un peu folk surprennent presque quand ils arrivent après des titres plus glacés, mais l’ensemble n’en reste pas moins des plus intéressants : il y a une patte chez John and the Volta, à suivre donc.
Les gars de Moon sont là à l’occasion de la sortie, il y a quelques semaines, de leur premier album “All Is Fine”. C’est aussi un bon prétexte pour faire la fête, et l’on sent tout ce petit monde heureux d’être présent, c’est assez communicatif. Le groupe déroule une pop bien fichue, aux influences d’outre-Manche, avec comme premier temps fort “Fisherman”, qui voit Frànçois Marry et Botibol monter sur scène, et quelques bons titres distillés, mais peu à peu, le charme perd de son efficacité sur moi, et je décroche de ce fait.
La tête d’affiche ne boxe pas tout à fait dans la même catégorie. Cass McCombs, on ne le croise pas souvent vers Bordeaux, et auréolé du succès (hélas surtout critique) de “Big Wheel and Others”, il arrive sur scène aux alentours de 23 h. Son guitariste terrorise tout le monde avec son regard, et Cass McCombs ne semble guère plus avenant, comptant ses mots. Mais sa prestation ne souffre elle d’aucun défaut, même si je sens que j’ai du mal à l’apprécier après déjà deux concerts dans la semaine. Le son est excellent, l’interprétation tout en décontraction, sans tomber dans une platitude qui n’aurait de totue façon pas collé à l’électricité (au pire latente) des chansons de l’Américain. De “There Can Be Only One” à “The Same Thing” en passant par “Big Wheel”, il y a des mélodies superbes, quelques passages à la slide guitar qui ne peuvent laisser indifférent, et cette voix légèrement voilée. Du tout bon, auquel il ne m’aura manqué (c’était visiblement mon ressenti, et uniquement le mien) qu’un peu de lien avec le public pour être comblé.
Dimanche 26/01 – Jacco Gardner à l’Heretic
L’embouteillage à l’entrée de l’Heretic a une double conséquence : il rassure sur le succès de la soirée, très légitime étant donné la qualité du “Cabinet of Curiosities” du Batave, mais il implique pour moi (ainsi que pour mon acolyte) de louper quasiment toute la prestation de My Ant, le groupe bordelais qui fête encore la sortie de son dernier EP. Je n’entends que trois morceaux, trop peu donc pour avoir un avis réel.
La salle est déjà très densément peuplée quand je reviens. Je ne verrai guère que le chapeau du batave, mais ce n’aura au final aucune importance, tant la prestation de Jacco Gardner m’a conquis. Déjà, il faut dire bravo à celui qui a réussi à faire sonner aussi bien de la pop dans ce lieu, car il fallait prendre soin de ces merveilleuses mélodies, qui ne peuvent que faire fondre le coeur d’un amateur de pop. Finesse de l’instrumentation, touches de psychédélisme distillées avec beaucoup de délicatesse, et cette atmosphère qui évoque autant la forêt d’Alice au Pays des Merveilles que les années 60 enfumées. Impossible pour moi de ne pas me laisser transporter par “Clean the Air”, “The Ballad of Little Jane” ou “Where Will You Go”, que Jacco Gardner et son groupe portent à la perfection, avec l’égal mélange de décontraction et de subtilité minutieuse qu’elles réclament. Loin d’être ingrates, ces chansons fourmillent, arrêtent le temps et capturent une audience qui a eu la confirmation d’un des talents les plus purs de la pop du Vieux Continent. Déjà un très grand donc, et surtout une parfaite conclusion, tout en pop, à cette 10ème édition de Bordeaux Rock.