Ceux qui ont assisté à un concert des Walkmen savent quelle puissance le groupe pouvait dégager : guitares stridentes à vous vriller les oreilles, batterie sur ressorts et bien sûr, ce chanteur atypique, crooner j’m’en-foutiste qui envoyait balader les pieds de micro et mettait l’aiguille des VU-mètres dans un rouge permanent. Hamilton Leithauser revient donc en solo. Sur les albums de son groupe précédent, les débats faisaient rage : j’adore (toujours) « A Hundred Miles Off » quand d’autres ne jurent que par « You & Me » (qui me semble à moi un poil trop long et un rien trop sage).
Mais donc, l’ancien chanteur des Walkmen revient en solo avec cet album, « Black Hours ». Il a beau introduire de nouvelles dimensions dans sa musique, un peu d’exotisme (le beau reggae barré de « The Silent Orchestra », les « doo wop » old school de « I Retired »), des orchestrations un peu plus fastes (des cordes en particulier) ou au contraire plus dépouillées (« St Mary’s County »), pas grand-chose n’a changé : lorsque les mélodies sont là (comme sur le début de l’album ou sur « I Don’t Need Anyone » par exemple), l’énergie de Leithauser est aussi dévastatrice que lorsqu’il officiait au sein des Walkmen. Sur un mode plus mélancolique, les morceaux comme « Self Pity » (avec là également une petite touche de reggae) ou « Bless Your Heart » mettent dans le mille. Malheureusement quelques titres de « Black Hours » empêchent d’être tout à fait enthousiaste, comme « Alexandra », single pourtant vitaminé mais dont la mélodie est un peu terne et répétitive, ou ce « 11 O’Clock Friday Night » assez insipide également. Bref, ces « heures sombres », si elles ne sont pas tout à fait exemptes de défauts, permettent tout de même de passer quelques bons et lumineux quarts d’heure.