Après le deuil, l’angoisse de la mort. Michel Cloup Duo continue de jouer les joyeux larrons avec cette incroyable suite à « Notre Silence », de quoi égayer les repas en famille du dimanche ou les soirées déprime en banlieue. Ou à la campagne.
L’heure est grave et Michel n’a plus envie, ni le temps de rigoler. Ce Michel Cloup duo est devenu entre deux albums et quelques concerts une redoutable machine de guerre. On était déjà très fans de la puissance qui se dégageait de l’album inaugural mais là, clairement, le duo écrase tout sur son passage. Guitares brûlots, batterie déchaînée (Patrice Cartier : impérial). Shellac, Slint, Shipping News, Scout Niblett : ils sont tous là. On pensait que tout avait été dit lors de « Notre Silence », précis et concis, mais « Minuit dans tes bras » enclenche la deuxième. « Notre Silence » n’était que le premier étage du lanceur Saturn 5. Toute mort, tout deuil entraîne une (re)naissance, c’est écrit dans les tarots, mais ici c’est presque une cure de jouvence. On pourra peut-être tout juste reprocher des paroles presque adolescentes, « Sortir boire et tomber » par exemple, mais la sincérité du propos et la puissance de la musique (une ébouriffante cavalcade de 7’28), pardonne tout, excuse tout et on s’en veut même d’avoir pu émettre une critique.
« J’ai peur de nous » nous fait glisser dans une ambiance quasi cinématographique à la Bergman, aussi effrayante et réjouissante que « L’Heure du Loup ». D’ailleurs Françoise Lebrun joue les faucheuses de luxe, ou les assistantes de « Soleil Vert », en conclusion de l’épopée bruitiste « Minuit dans Tes bras#2 » qui s’enchaîne admirablement (et c’est à pleurer de beauté) avec l’anti-Pialat, « Nous Vieillirons Ensemble ».
Michel Cloup Duo vieillit bien et on veut décidemment vieillir avec lui.