Après avoir chanté l’hiver et chanté l’automne, Michel Cloup ne s’éclaire plus au soleil noir de la mélancolie et affronte le deuil et la dépression avec un certain courage discographique. Faux album solo mais véritable introspection sous forme de brûlot rock, « Notre Silence » reste finalement la meilleure démonstration que « Cette Colère », qui anime Michel Cloup depuis Lucie Vacarme jusqu’à Experience, en passant par les réformés Diabologum, est restée intacte et ne s’est pas émoussée au fil des années. On retrouve le même engagement proche de la confession poétique mais loin du déballage narcissique souvent de mise dans la « chanson française ». On évitera la tentative de disséquer les textes mais l’épopée « L’Enfant », avec ses 11’29 et ses guitares chauffées à blanc, ne laisse pas indifférent. Puisqu’il faut parler des filiations musicales, évidemment, c’est du côté des cousins d’Amérique qu’il faut chercher : Slint et Shellac en tête pour l’efficacité, le bannissement des fioritures, le côté sec, le cœur à vif, avec les guitares comme étendards et la batterie magistrale et épurée au centre du dispositif (avec un Patrice Cartier dans le rôle de Todd Trainer). D’ailleurs, nos compatriotes noteront, avec la production et le mastering parfait de « Notre Silence », qu’il est parfois inutile d’enregistrer à Chicago dans l’Electrical Audio et qu’on fait d’excellents disques entre Toulouse et Bruxelles sans forcément recourir au Dieu Albini.
L’écriture de Michel Cloup, à son meilleur, dénote un soin particulier pour éviter toute tentative de bons mots, d’emphase, pour rester au plus près de l’os, là où ça fait mal. Là où ça touche aussi le plus sûrement (le titre « Notre Silence », tout est dit). « Notre Silence » est un disque gris, jouant des oppositions : guitare/batterie, musique/voix, bruit/silence, musicien/auditeur… et nous convie au cœur d’une expérience cathartique salvatrice. Loin de tourner en rond (« Le Cercle Parfait »), Michel Cloup nous balade en autant de stations, de chemin de croix, intimes et nécessaires jusqu’à la sortie, cinématographique bien sûr, d' »Un film américain », seule trouée de lumière du disque. Disque plein de rage et débordant d’amour, « Notre Silence », dans le creux de notre oreille, ce n’est pas rien.
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