Jesus Malverde aurait été, à l’origine, un bandit mexicain, tué par les autorités du pays en 1909, peu avant la Révolution. Son existence n’est pas pleinement avérée, mais il est devenu, au fil des ans, une légende. Paré d’une réputation de Robin des Bois, représenté sous des traits christiques, il a progressivement fait l’objet d’un culte. Des miracles lui ont été attribués et, en marge du catholicisme local, il est devenu un saint, celui des malfaiteurs et des trafiquants de drogue, dans les bas-fonds du Mexique comme chez les Latinos installés aux Etats-Unis.
En plaçant sa dernière mixtape, disponible depuis février 2013, sous le patronage d’un tel personnage, se représentant lui-même sous les traits du hors-la-loi mexicain, A-Wax annonce donc la couleur : il ne sera question ici, exclusivement, que de trafics, d’addiction, de stupéfiants, de guerres des gangs et de petites copines utilisées comme mules. Et pour que ce soit plus clair encore, le rappeur de Pittsburg, sur la Baie de San Francisco (qui a lui-même tout le pedigree nécessaire en matière de passé judiciaire chargé), fait jouer ses relations avec le Brick Squad, invitant Gucci Mane, Waka Flocka Flame et le producteur Southside à le seconder, histoire de s’inscrire pleinement dans le trap game, les autres personnes conviées étant DJ Paul, Compton Menace, Ca$his, le protégé d’Eminem, et les beatmakers Cardiak et Loud Pack.
Et dans le genre, ça dépote. Les titres se multiplient, fiers, claironnants, et remplis de refrains addictifs aux messages unidirectionnels : « I am just selling dope » sur « Work », « I am a Pyrex boy, keep it cooking » sur « Pie-Rx Boy ». Les synthés cognent et fanfaronnent, comme sur « On Sight », ils sont enlevés, comme sur « Gun Range ». Les sirènes sont de sortie, aussi, sur le remix de « Make Room » et sur « Work », les deux titres enregistrés, respectivement, avec Gucci et Waka Flocka. Mais parfois, aussi, A-Wax s’offre ce qu’il faut de respirations, notamment avec une suite de plages atmosphériques, « Gone Fishin' », « Her Mistakez », « Selfish » et « The Shooter ». Quant aux titres douteux, par exemple ce « One More Time », bâti sur le tube homonyme de Daft Punk, ils se montrent rares. Bref, avec ce Jesus Malverde jamais hors-sujet, et musicalement toujours juste, A-Wax nous a offert du pur trap rap d’Atlanta, mais en mode californien.