Au commencement fut Vale Poher, cette jeune femme qui m’avait scotché sur son disque « Tauten« , preuve d’un talent réel pour trouver l’énergie dans les fêlures, la noirceur. Et dans l’aventure, Vale rencontre Carine. C’est sa bassiste. Le courant passe, ça fait des étincelles. Mensch naît, signe un premier EP plein de promesses, quatre titres qui donnaient envie d’entendre plus, plus vite.
L’album est là. Il est noir, comme sa pochette, avec les deux protagonistes dans un rai de lumière. Cette photo en dit long, mais il y a aussi quelques mots qui apparaissent sur le site Internet : « Dance & Die ». Comme une sorte de devise qui donnerait le ton de ce magnifique disque, aux huit titres affûtés, au croisement du kraut rock, de la new wave et du rock pur et dur. D’habitude, je n’aime pas les boîtes à rythme, mais les musiciennes en ont fait une force. Ce petit boîtier implacable au milieu des chansons donne une force incroyable aux chansons, permet de tendre au maximum l’atmosphère sans jamais s’aventurer dans le superflu. A l’os, toujours à l’os, et sur les lignes de basse de Carine et la guitare menaçante, il y a le chant. De quoi y croire, de quoi se laisser porter par ces paroles souvent rageuses, qui parlent de danser, danser pour se sentir exister. Et le transfert de cette énergie vers l’auditeur est excitant, continue encore de me foudroyer (« Mistery Train » et son refrain scandé, la deuxième moitié de « Goliath », course effrénée qui renverse tout sur son passage), de me faire chavirer (« Wild », ou « Sublime », au charme qui sent le soufre), de me donner envie de danser méchamment (« Evidence »). Disque fait avec les tripes, « Mensch » sonne comme une pulsion de vie, et ça le rend unique et brillant.