Alors que le froid hivernal s’installe progressivement dans la capitale du baeckeoffe et que le marché de Noël envahit les rues, on préfère se retrouver au côté de Keren Ann qui joue ce 25 novembre à la Laiterie, accompagné en première par le chanteur Doriand, avec lequel la chanteuse a collaboré à plusieurs reprises.
La salle est relativement petite et promet deux prestations des plus intimistes, qui colle assez avec l’ambiance très posée des deux artistes. Le public n’est pas encore complètement entré que Doriand arrive (à l’heure) sur scène, devant un public attentif mais un peu trop calme. Accompagnée d’une seule guitariste, l’auteur nous accueille avec les ballades de son dernier album (« La recette du clafoutis parfait », chanson-blague qui n’en est pas une) et quelques reprises non moins connues dont il est le véritable compositeur (« Les Bords de Mer » avec Julien Doré ou « Elle me dit » pour Mika). Que l’on adhère ou non, la prestation reste honorable et Doriand cède sans difficulté la place à Keren Ann.
Détail qui a son importance, le concert s’ouvre sur le « 101 » du dernier album, morceau compte rebours aux cent une révélations. Sans prendre sa musique à l’envers, Keren Ann en propose une revisite plus rock, plus épurée (« Blood on My Hands » sans cordes, tout au clavier) et sans doute moins sophistiquée que l’habillage du studio (mention spéciale à la basse surpuissante et à l’espèce d’air piano dont jouait le claviériste). Ajoutez à cela que la proximité avec le groupe (comprenez qu’il était même possible de s’asseoir sur les bords de la scène) affranchit complètement le public des aléas habituellement rencontrés lors des concerts en salle. Ou la joie d’un concert avec des grandes personnes.
Côté playlist, le meilleur de « 101 » est joué (« All The Beautiful Girls », « Sugar Mama », « Blood on My Hands », « Song from a Tour Bus », « Strange Weather »). On sent la chanteuse et son groupe enthousiastes (“Vous êtes beaux” nous avoue-t-elle entre deux morceaux). Alors que celui-ci conclut sa prestation sous un tonnerre d’applaudissements, le premier rappel se fait sur l’un des premiers hits de Keren Ann (« Not Going Anywhere ») puis s’enchaîne sur deux morceaux solos : un « Que n’ai-je » à la guitare acoustique, moins bossa nova qu’auparavant dans un ton mélancolique des plus réussis, puis un a capella sur le standard « It’s Always You », dans un silence de cathédrale. Un moment d’exception qui confirme Keren Ann dans le haut de la scène folk-rock actuelle.