Appuyant à fond sur l’accélérateur mais gardant toujours un œil dans le rétro, à l’image du clip de leur excellent titre « Planète Sauvage », The Konki Duet publie un recueil de pop songs vitaminées, d’allure DIY mais foutrement bien troussées par l’admirable metteur en son, Stéphane Laporte, l’impeccable Domotic.
Si le goût pour les claviers vintage et les sons eighties est toujours là, l’ambiance est nettement plus rock n’roll et sauvage. « Be my dog, I want you to be my dog » jappe Zoe Wolf sur l’ouverture « Heartful », titre double, qui doit autant à la synth pop qu’au rock indé fin de siècle (on pense ici à la classe folle des Sleater-Kinney qui semblent ressuscitées sur ce titre) ou au hardcore-mathrock nineties, avec sa cavalcade de batterie. Oui, oui, vous avez bien lu « hard core ». D’ailleurs, la guitare sur « Sand’ N’ Salt » lorgne beaucoup sur le son de celle du tout puissant Steve Albini, et ce n’est certainement pas un hasard.
Bien sûr, on pense toujours à Eli Medeiros et Lizzy Mercier Descloux (la parfaite et fragile pop song en français « L’Esprit de la Ruche » qui devrait, si le monde était parfait, faire un tabac sur les radios et bénéficier de remixes chez Kitsuné) mais aussi aux meilleurs des groupes cultes oubliés tels Family Fodder dont elles reprennent avec succès (le titre semble écrit par et pour elles) « Savoir Faire ».
Certains y verront aussi des ambiances à la Blonde Redhead (« These Days ») en moins pédant, ou à M.I.A (« Kenjamin »), l’agaçant Romain Gavras en moins. L’album se clôt sur l’instrumental « Everyday Is Worse Than the Day Before » parfait résumé de tout le savoir-faire de notre faux duo : mélancolique et dansant, pop et rock, kawaï et hardos à la fois.
Sexy et endiablé, immédiat et fouillé, « Let’s Bonappétons » semble ouvrir la voie du succès pour The Konki Duet et permet à Clapping Music de continuer son parcours sans faute depuis le début de l’année (NLF3, My Jazzy Child, The Berg Sans Nipple). Précision cependant : l’album est aussi produit par Tsunami Addiction.
Voilà, le couvert est mis : à table et let’s bonappétons.