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The Promise Ring – Interview

THE PROMISE RING

"Wood/Water" est leur nouvel album, sorti fin avril. De passage à Paris, Jason, le guitariste de the Promise Ring, groupe de Milwaukee à la power-pop facile, a bien voulu jouer le jeu de l’interview… en attendant de revenir le 17 juin au Nouveau Casino.

Quel est ton rôle dans le groupe ?
Je suis Jason, le guitariste. Et, euh… C’est mon rôle dans le groupe. Je co-écrit aussi les chansons…

Vous êtes un trio en fait…
On est un trio en gros. C’est assez confus en fait, parce qu’on a eu quatre bassistes différents en cinq ou six ans. Le dernier a quitté le groupe alors on a pris un nouveau bassiste, qui joue en concert et est un peu notre esclave aussi (rires).

Il ne joue que sur scène ? Pas sur l’album ?
Il joue sur l’album aussi. Et l’on tâchera aussi de ne pas l’oublier (rires).

Vous venez tous de Milwaukee ?
Tout le monde vient de Milwaukee sauf moi, je suis de Madison, à une heure et demie de Milwaukee.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
On avait tous des attaches dans la scène punk. Elle est assez restreinte là-bas. Et nous nous sommes rencontrés en allant aux mêmes concerts ici et là. Ou bien nous étions dans des groupes qui se sont séparés, et de fil en aiguille nous avons monté quelque chose ensemble.

Comment décrirais-tu Milwaukee à des français qui ne connaissent que les grandes villes américaines comme New York ou San Francisco ?
C’est une très grande ville en fait. Enfin, c’est grand en termes de population, mais la ville en elle-même est plutôt petite et se situe près d’un lac. Toute la ville, comme le centre est au bord du lac. C’est là qu’on trouve les universités. C’est petit, mais on trouve pas mal de bonne musique là-bas. C’est un bon endroit pour vivre. On n’est pas très loin de Chicago, une heure et demie. À proximité des grandes villes.

Quels groupes ont joué un rôle dans votre envie de former un groupe ?
Je ne sais pas. Un tas de groupes ! Je veux dire que chacun de nous pourrait citer un tas de groupes. Mais dans l’ensemble, ce sont ceux de la scène punk du début des années 90 avec des groupes comme Minor Threat, Fugazi, ou ceux qui proviennent de la scène de Washington DC. Scène qui était importante à ce moment-là. Mais je pense que notre envie de faire de la musique a un côté plus social, et c’est d’ailleurs pour cela que la scène punk a émergé. Ce n’était pas parce que nous étions de très grands musiciens prêts à créer un chef d’œuvre. Nous étions des mômes, et le truc génial avec le punk c’est que nous n’avions pas besoin d’être de grands musiciens.

Comment as-tu réagi à l’apparition de la scène grunge de Seattle et à tous ces groupes  ?
C’était vraiment super puis c’est devenu vraiment atroce. Quand le Nevermind de Nirvana est sorti, tout le monde a sauté dessus, et tout le monde disait : "Ouaouh ! C’est un super album !", même si la production était selon pas mal de gens rébarbative, un tout petit peu trop combinarde, trop parfaite. Mais les chansons étaient géniales, et puis la conséquence de tout cela a été des sous-produits, des groupes vraiment nuls qui ont sauté sur l’aspect commercial du mouvement.

Ne crois-tu pas que cela a créé un pont entre la music indépendante alternative et une musique plus commerciale ?
Quelque part oui. Je ne pense pas que ce soit positif. Je veux dire, c’est positif dans le sens où c’est une récompense pour certains groupes de recevoir de l’argent en faisant ce qu’ils aimaient. Mais cela a rendu les choses plus commerciales encore, et n’a pas eu un très bon effet sur la qualité des chansons produites. Je crois que la bonne musique a toujours été et sera toujours ailleurs que dans ce qu’on appelle le "succès commercial". C’était super pour certains groupes de subsister grâce à ca, surtout quand leur musique était bonne, mais cela représentait mal les groupes qui faisaient de la très bonne musique. Il y a un peu de tout.

Il y a pas mal de différences entre la manière dont vous avez enregistré votre dernier album et le nouveau. Vous avez fait des démos et vous êtes ensuite venus l’enregistrer en Angleterre ?
C’était vraiment différent. Nous étions des adolescents, et l’on avait pas mal à apprendre. Chaque année, on apprend de plus en plus et l’on applique cela à ce que l’on fait. Notre dernier album est bizarre, c’est de la pop-rock pure et dure. Je trouve que notre nouvel album est plus proche de notre deuxième, intitulé "Nothing feels good". C’était un peu comme revenir à nos intuitions, plutôt que de réfléchir à comment composer un morceau avec un refrain, un pont… En fait, c’est deux guitares, une batterie et une basse… C’était le format utilisé pour faire le dernier album dans notre home-studio, et il ressemblait plus à un collage qu’à autre chose. Si quelqu’un avait une idée, il devait la proposer, ce qui a été le cas avec Dan notre batteur, qui joue du synthé sur ce disque. Nous l’avons fait en tant que groupe, et pas en restant scotché sur l’instrument dont chacun joue sur scène. C’est un disque bien plus profond. Et puis, on a eu la chance de travailler avec Stephen Street. Il a écouté les démos et…

C’est assez rare pour un groupe américain de venir en Angleterre enregistrer un disque, c’est le contraire habituellement. Est-ce que c’était bizarre pour vous ?
C’était marrant. C’était une toute nouvelle expérience. C’est le genre de choses que l’on recherchait en faisant partie d’un groupe. On n’a jamais couru après le côté commercial. Venir en Angleterre était plus pratique, parce que Stephen Street, le producteur, voulait rester à Londres près de sa famille. C’était vraiment super : enregistrer un disque, jouer au ping-pong, au croquet…

Comme tu viens de le dire, le résultat est plus pop qu’avant, et je trouve même que les chansons sont issues d’une écriture pop vraiment talentueuse, mais que le son reste néanmoins américain. Qu’en penses-tu ?
Je crois cela aussi. C’est marrant que tu dises cela, parce qu’un bon nombre de journalistes disent que le disque sonne britannique, et je leur dis toujours : "oui, mais s’il avait été enregistré à New York, vous ne diriez pas ça". On aurait pu l’enregistrer à New York, puis mentir pour dire qu’on l’avait enregistré en Angleterre avec Stephen Street, et les gens nous auraient dit qu’il sonne britannique. Je pense qu’il reflète notre expérience. Nous sommes américains, alors c’est une expérience américaine.

"Never Suffer" me fait penser à ce que des groupes comme the Flaming Lips ou ceux du label Elephant Six essayaient de faire. Connais-tu ces groupes ?
Oui je les connais. The Flaming Lips est un très bon groupe. C’est plutôt drôle, quand on a commencé à écrire et enregistrer ce morceau, cela ne m’est pas apparu tout de suite, jusqu’à ce que quelqu’un me le fasse remarquer, mais moi je pensais que cela ressemblait à Psychedelic Furs.

Vous avez passé six semaines à Londres. Avez-vous eu la chance de découvrir des groupes britanniques, et la façon dont parlent les britanniques de la musique (dans la presse : NME…) ?
On était déjà au courant de tout ça. Mais je pense que c’est plutôt marrant de voir chaque semaine un nouveau "meilleur groupe du monde" sur les couvertures de la presse britannique. C’est comme une tradition de célébrer les choses éphémères.

À l’inverse, est-ce plus difficile d’être connu dans tout le pays aux Etats-Unis ?
Oui, c’est sûr. Je pense que c’est probablement toujours aussi dur… Je crois qu’aux Etats-Unis, et pas parce que je suis au courant de cela, il y a pas mal de presse "underground". Alors, c’est facile de se faire connaître, mais c’est dur de devenir célèbre.

Connais-tu des groupes français ?
Je connais les plus évidents : Air, Tahiti 80…

Votre chanteur a eu des problèmes de santé cela fait deux ans. C’est une question un peu bête, mais est-ce que cela a eu une influence sur votre manière de considérer l’écriture et l’enregistrement de ce disque ?
Oui. Évidemment, chaque chose qui arrive dans votre vie a un effet. C’est certain que cela a affecté notre disque. Avant ses problèmes, nous suivions une sorte de cycle : être en tournée, écrire des chansons et faire un disque, à notre allure. Mais quand il a eu ses problèmes de santé, on a tout arrêté et l’on a attendu. Ça a cassé le rythme, mais on n’a pas appréhendé le fait que l’album attende dix-huit mois avant de sortir. Alors on a mis plus de temps pour faire ce disque. On est allé lentement. Cela a influencé le disque forcément puisqu’il écrit les paroles aussi, alors il est peut-être un tout petit peu plus introspectif que notre dernier album.

Serez-vous en tournée en Europe, et particulièrement en France dans les prochains mois ?
Certainement. Notre tournée passera par l’Europe et sans doute la France, parce que nous n’avons jamais joué ici. Nous venons en Europe au mois de juin. Avec un peu de chance, on passera par la France.

Propos recueillis par Guillaume
Merci à Charlotte

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