Loading...
disques

Oboken – Interview

Interview en longueur et par mail des deux Oboken, Philippe Saucourt et Bruno Fleutelot, qui reviennent sur leur très réussi « peace of mind ». Avant de les voir sur scène au cours des mois prochains…

Oboken : Philippe Saucourt - Bruno Fleutelot

Votre album est sorti il y a 3 ou 4 mois maintenant, êtes-vous, avec le recul, satisfait du résultat ?
Bruno : je ne sais pas car je n’ai pas encore assez de recul pour pouvoir écouter ce disque avec une réelle neutralité. Je n’ai d’ailleurs jamais réellement réussi à atteindre cette position d’auditeur neutre avec ma propre musique. Je reste cantonné dans une position de frustration où il m’est difficile d’entendre ma musique tout autant que les commentaires s’y rapportant.
En revanche, en tant que personne à l’origine de cette musique, oui je suis satisfait de cet album. Je pense qu’il reflète exactement les choses que l’on souhaitait exprimer à ce moment, tant soit au niveau de la forme que du fond. Il n’y a de notre part aucune complaisance sur ce disque, tout ce qui y figure est délibéré et nous l’assumons comme tel. Cela peut ressembler à de l’arrogance mais c’est simplement le résultat d’un long processus de travail.

Philippe : personnellement, je suis satisfait car l’album correspond à l’idée que je m’en faisais tant sur le fond que sur la forme. Avec le recul, ce qui me plaît le plus est le côté double de ce disque à la fois sombre et onirique, tendu et apaisé, tourné aussi bien vers l’atmosphère des villes que vers celle des grands espaces (pas mal de climats font référence à des voyages en Islande, en Nouvelle Zélande ou encore au Québec).
Je suis également très satisfait de ce qui s’est passé entre Bruno et moi sur le plan humain, jusque dans nos moments de tension, qui nous ont appris à affronter et à désamorcer les conflits lorsqu’ils se présentent. Humainement, c’est une expérience très positive que de mélanger nos deux visions des choses.

 

Comment s’est passé le passage de l’auto produit (L. Sophia Records, votre propre label) à l’association Village Vert / Wagram ? La maquette de « peace of mind » ressemblait-elle au disque qui est actuellement dans les bacs ?
Bruno : nos premiers efforts en solo (déjà sous le nom d’Oboken pour Philippe et de Solal, pour moi-même) auto produits au sein de notre label L. Sophia Records bénéficient depuis presque deux ans d’une distribution via Ici d’ailleurs. Ils semblaient à priori très curieux d’écouter le résultat de nos efforts conjoints et nous ont laissé espérer une éventuelle collaboration avec eux. Ce sont donc les premiers à avoir écouté les maquettes de « peace of mind ». Parallèlement, nous avions aussi envoyé quelques CD à d’autres labels, parmi lesquels, Le Village Vert. La suite est simple : Ici d’ailleurs n’a pas du tout aimé et Le Village Vert, beaucoup. Nous avons mis pas mal de temps à réaliser ce qui se passait tellement cela nous paraissait incroyable. Je crois même que Philippe lors du premier contact téléphonique avec Fred Monvoisin (patron du label) lui a demandé s’il ne s’agissait pas d’une mauvaise plaisanterie…

Philippe : la phase d’auto production a été pour nous un moyen de satisfaire et d’affirmer notre besoin d’indépendance. Pour le 2ème album, nous étions au départ restés dans cette logique : nous avions tout planifié pour enregistrer « peace of mind » par nos propres moyens, avec l’aide de deux amis pour l’organisation des sessions. Et puis, au stade des maquettes, on s’est dit : pourquoi ne pas en adresser à quelques labels triés sur le volet ? Nous avons donc envoyé 12 CD, essentiellement à des labels indépendants. Le Village Vert a réagi très vite, quelques jours à peine avant la date prévue pour le début de l’enregistrement ! Frédéric Monvoisin nous a tout de suite laissé aller jusqu’au bout de ce que nous avions prévu, en toute liberté, sans contrainte. Et nous le remercions sincèrement d’avoir agi de la sorte. Ça nous semble suffisamment rare pour être souligné.

Bruno : quant à la maquette, elle ressemblait pour beaucoup au disque final, mais comme son nom l’indique, c’était une maquette : le propos principal était là mais il manquait encore tout le travail d’ajustement, de mise en place, d’articulation qui allait donner tout son sens au projet. C’est le but que nous nous étions fixé en entrant en studio : nous approprier définitivement ce projet tant au niveau du fond que de la forme. Nous ne voulions pas simplement ré-enregistrer scolairement et proprement ce que nous avions déjà fait : il fallait au contraire, grâce au travail de studio, pouvoir y introduire toute la matière qui allait donner à ce disque toute son âme.
Bizarrement, nous n’avons pas retouché aux instrumentaux qui sont restés tels que Philippe les avait composés, ce n’étaient déjà plus des maquettes mais des propositions entièrement abouties.

Philippe : a contrario, des morceaux comme « violence », « peace of mind » ou « evil child » ont énormément évolué entre les maquettes et le produit fini. Bruno y est pour beaucoup, ainsi d’ailleurs que Renaud Hébinger, l’ingénieur du son qui a travaillé avec nous sur le disque. Bizarrement, au stade final, ces morceaux se retrouvent souvent à l’opposé des versions maquettes : « peace of mind » est très rythmé, très chaloupé, alors que sur la maquette il était au contraire très lent et plombé. Pour « evil child », c’est carrément l’inverse : la maquette était très rock tandis que la version finale se trouve être l’un des morceaux les plus calmes et éthérés de l’album.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *