DRUNK – Tableside Manners
(Jagjaguwar)
Quatrième album de Drunk, après "To Corner Wounds", chroniqué ici même l’an passé. Avouerais-je que depuis ce mois de mai joli où je déposai ma chronique de leur précédent album sur les fonts baptismaux du serveur de POPnews, une étrange culpabilité me taraudait ? "Tu t’es emballé mon garçon, me disais-je, ce disque n’est pas si bien. Et puis ce genre de musique, cela n’intéresse plus personne, à part certains trentenaires folko-névrotiques."
Bien sûr, ce disque, distribué parcimonieusement, n’intéressa pas grand monde, pas même les trentenaires sus-cités. Et moi-même, moins jeune de six mois et loin d’être trentenaire, ne sais plus vraiment sous quel angle écouter ce disque un peu mystérieux, tout en fausses pistes. Vient donc ce nouvel album, qui sera sans doute lui aussi distribué parcimonieusement par ici. Le propos s’est resserré, la musique s’est faite plus sombre, plus directe. L’introductif "Buoyant sinker", petite pelote de nerfs presqu’instrumentale, donne le ton. Mais Drunk maîtrise à merveille l’art des faux-fuyants, de la fausse légèreté et "Dorothea" délave de vodka russe un western de Sergio Leone. Première escapade d’une longue série, et confirmation de ce talent rare à faire rimer richesse et simplicité, à marier chaud et froid. Que Rick Alverson et ses comparses explorent la nuit à la lueur d’une bougie ("Mutual friend", "Truancy") ou chevauchent de chimériques montures ("Cold afternoon"), Drunk met le folk et la déprime à sa sauce, s’échappe de leurs orthodoxies aussi facilement qu’il y revient, joue l’authenticité et ses pièges contre le facilité du style. Je ne prendrais plus le risque de conseiller de disque de Drunk, j’en parlerais juste : celui-ci existe, et même de fort belle manière.
Guillaume
Buoyant sinker
Dorothea
Cold afternoon
Mutual friend
Forfeit
Truancy
Queen of Venice
Our host
As the world burns
Upholstery
Soreness of legs