THE EXPLORERS CLUB – Freedom Wind
(Dead Oceans / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
"Où finit l’hommage, où commence le pillage ?", disait Jimmy Page. C’est effectivement la question que l’on peut se poser à l’écoute de ce premier album de The Explorers Club, annoncé par le très efficace single "Do You Love Me". Tous les titres de ce disque, sans exception, ressemblent à s’y méprendre à des compositions des Beach Boys. Inutile de tenter d’être exhaustif sur les groupes influencés par Brian Wilson et ses comparses, autant prendre l’annuaire, c’est moins cher et ça va plus vite. Mais là où The High Llamas ou Belle & Sebastian reprenaient l’état d’esprit du groupe, certaines modulations mélodiques, The Explorers Club composent douze titres "à la manière de". Tout y est : la voix de falsetto à la Brian Wilson, les orchestrations entre surf et dérives spectoriennes ("Do You Love Me"), les lignes de basse à la "Pet Sounds" ("If You Go", très réussie, retrouvant par ailleurs la plénitude sonore de "The Warmth of the Sun"), jusqu’à l’instrumental éthéré "Summer Air" ou les ambiances décalées de "Smile" sur "In the Country". Même la pochette reprend la thématique de celle de "All Summer Long". C’est superbement fait, les mélodies sont léchées, les voix magnifiquement produites. Mais vient fatalement la question centrale de notre affaire : quel est le but d’une telle démarche artistique en 2008 ? Donner l’impression que le rêve n’est pas fini, alors que le soleil est définitivement couché depuis l’automne 1967 ? Ce disque fait mal, par ce qu’il réveille de sensations oubliées, de sentiments en vrac que j’avais laissés derrière moi. J’ai une telle vénération pour Brian Wilson que chaque morceau de cet album de The Explorers Club me porte un coup au cœur, comme l’impression que les fantômes ressortent du placard. Cette bulle sixties est ravissante, mais va se percer à un moment ou un autre. L’important chez les Beach Boys, plus que le "style" en tant que tel, tenait à ce dépassement des normes musicales alors en vigueur, les coups d’audace à chaque album, cette sidérante évolution musicale que Brian Wilson a générée entre 1963 et 1967. La copie carbone n’est pas le meilleur hommage à rendre aux Beach Boys. Mais c’est après tout une manière comme une autre de continuer à croire que le rêve a encore une raison d’être. A ce titre, The Explorers Club a plutôt bien réussi son coup. Le bonheur à portée d’un coup de castagnettes.
Frédéric Antona
Forever
Honey, I Don’ Know Why
Don’t Forget The Sun
Lost My Head
Do You Love Me?
Summer Air
If You Go
In The Country
Safe Distance
Hold Me Tight
Last Kiss
Freedom Wind