THE APARTMENTS – Drift
(Talitres / Differ-Ant) – acheter ce disque
Le précédent, "The Evening Visits… and Stays for Years" (1985) n’étant plus disponible depuis longtemps (il sera finalement réédité en 1994), c’est avec cet album inespéré sorti en 1993 que beaucoup ont découvert The Apartments. Notamment en France où, grâce notamment au soutien de Bernard Lenoir et des "Inrockuptibles", "Drift" a connu un succès d’estime. Moins viscéral mais plus cohérent et mieux produit que "The Evening Visits", c’est un nouveau chef-d’oeuvre absolu où domine la guitare acérée du brillant Greg Atkinson (qui chante sur l’album l’une de ses compositions, "Mad Cow"), dont ce sera la seule collaboration avec Peter Walsh. De somptueux arrangements de cordes subliment des chansons tout en tension électrique contenue, où il n’est question que de départs, de pertes, d’échecs, d’errances et de nuits qui n’en finissent pas (les très belles photos du livret en livrent une sorte de traduction picturale). Moins plaintive, plus posée, la voix de Walsh charrie toujours autant d’émotion, de l’extraordinaire "The Goodbye Train" d’ouverture au lancinant "What’s Left of Your Nerve", étiré sur sept minutes, en passant par "On Every Corner", "Over" ou "All His Stupid Friends". Un disque de survivant, bouleversant et crépusculaire, qui marquera un nouveau départ pour The Apartments : suivront trois autres disques jusqu’en 1997, avant un long silence qui n’a été rompu que récemment.
"Drift" étant devenu quasiment introuvable, le label bordelais Talitres a l’excellente idée de le rééditer avec des morceaux bonus, trois demos enregistrées à Londres en 1986, sur un huit-pistes. Les chansons des Apartments ont souvent mûri pendant des années avant de connaître une existence discographique, comme le prouve cette version de "On Every Corner" où la ligne mélodique principale est jouée au piano. "Calling on Jean" et "You Wanna Cry STOP (I’m The Staying Kind)" sont quasiment inédits (ils figuraient sur d’obscurs live pirates qui s’échangeaient entre fans à l’époque des forums) et prouvent qu’il n’y a décidément pas de morceaux mineurs ou de fonds de tiroir dans l’oeuvre de Peter Walsh. On peut regretter l’absence d’une véritable production, mais les compositions sont en tout points superbes : mélodies lumineuses ("You Wanna Cry STOP" était écrit pour Dusty Springfield, qui n’a pas dû donner suite), textes fouillant d’éternelles obsessions ("There’s not a train in the world that could take you home"), et la voix enfiévrée de Walsh qui nous agrippe dès les premiers mots pour ne plus nous lâcher. Combien de trésors de cet acabit dorment encore dans ses placards ?
Vincent Arquillière
A lire également, sur The Apartments :
la chronique de « Apart » (2010)
la chronique de « A Life Full of Farewells » (2010)
la chronique de « The Evening Visits… and Stays For Years » (2010)
The Goodbye Train
On Every Corner
Mad Cow
Nothing Stops It
Over
Knowing You Were Loved
Places Where the Night Is Long
All His Stupid Friends
Could I Hide Here? (A Little While)
What’s Left of Your Nerve
Calling on Jean
You Wanna Cry STOP (I’m the Staying Kind)
On Every Corner (London demo)