Il y a longtemps que je n’arrive plus à suivre à la trace Kim, ce personnage à part dans la scène pop française, mais je sais que je pourrai toujours rentrer dans sa discographie, généreuse et qui oscille sans soucis entre les formes les plus arrangées et le dépouillement le plus total ou presque. Si je ne devais en retenir que quelques disques, il y aurait certainement le splendide “Ballads”, mais aussi “Radio Lee Doo”, la belle compilation de faces B souvent passionnantes (“Lost Mambos, Lofi’s Anthechrist Massacre and Blues de Geek: singles and Coussinets 1994/2014 except Dreamaramas”) ou le dernier en date “Blues de Geek Manifesto”, version italienne pour être totalement gourmet. Mais le revoilà avec un disque dédié au ukulélé, suite pas forcément logique (mais y a-t-il besoin de logique dans une discographie ?) du “Banjo Tape” de 2015.
Et malgré mon intérêt relatif pour l’instrument, je trouve un charme fou à cette “Uku Tape”. Piochant dans son répertoire en large majorité, avec des titres chantés dans toutes les langues (il y a de l’italien, de l’arabe, du russe et même une chanson en français, coécrite avec Cléa Vincent), Kim a façonné un disque généreux, lo-fi mais plein d’idées et d’utilisations variées du ukulélé. Il y a évidemment les tubes pop comme “My Family” (ici en arabe), l’excellent “The Oriental Jasmine” ou “Tesoro Mio a Te”, mais ils trouvent leur place aux côtés de petites perles de folk ensoleillé (“Guurl”) ou bien triste (“Paulette Blues” dédié à Paulette Wright, disparue il y a quelques années), et même une reprise énergique du classique “Diga Diga Doo”. Se glissent alors dans les interstices une petite pièce instrumentale (“Uku Uku”) ou une valse mélancolique (“Ukuwaltz”). Bel exercice de pop lo-fi, mais disque de pop avant tout (au sens le plus éclectique du terme), cette “Uku Tape” mérite sans doute que l’on ressorte son plus beau lecteur cassette et qu’on se prépare à profiter de l’autoreverse.
A acheter sur le Bandcamp d’Equilibre fragile.