ELLIOTT SMITH – Figure 8
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Que faire quand on a atteint les sommets ? Que reste-t-il après la perfection ? Ce sont des questions qui ont dû effleurer Elliott Smith après la sortie de son dernier album. A moins que sa timidité et son humilité n’y aient fait barrage. Ce sont des questions que je me suis posées en tout cas parce qu’il faut bien dire que, si j’ai mis du temps, je me suis fortement attaché à "XO".
Deux scénarios s’offraient à Elliott. Dans le premier, il partait à l’assaut des nuages ; dans le second, il se contentait de rester là où il était, contemplant le travail accompli et les territoires conquis par sa pop délicate. Comme le moine guerrier, Elliott s’est décidé pour une troisième voie. Pas de surplace contemplatif mais pas d’ascension supplémentaire non plus. Plutôt un reroutage, une reconquète des sommets pop par une face inexplorée. Un retour en arrière vers des origines folks pour une ascension beatlesienne. De prises de main précises et élégantes en sursauts vifs et risqués, Elliott Smith enchaîne d’une façon impressionnante seize chansons aériennes et attachantes, hors d’atteinte. Plus proche de l’ascétisme d’"Either/Or", "Figure 8" a néanmoins recours aux sons boisés et riches de "XO". Tous les titres coulent de source et rien ne trahit l’effort dans ce songwriting de l’impossible. Tout paraît facile et évident pour cet artisan du beau qui glisse sur le vent. En fait d’ascension, c’est plutôt de montgolfière qu’il faut parler. Fragile et parfaite, en suspension entre deux mondes, la musique de "Figure 8" m’envole.
Gildas
A lire également sur Elliott Smith :
chronique de "XO" (1998)
chronique de "From A Basement On The Hill" (2004)
chronique de "New Moon" (2007)
Son Of Sam
Somebody That I Used To Know
Junk Bond Trader
Everything Reminds Me Of Her
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L.A.
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Wouldn’t Mama Be Proud
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Bye