BARZIN – Barzin
(Ocean Music)
En guise d’ouverture de ce premier album de Barzin, deux voix (un homme, Barzin H., et une femme, Tamara Williamson) s’enlacent dans un lent et voluptueux tourbillon de soie sonore, se frôlent tels des chuchotements presque diaphanes. Quelle jolie manière de démarrer ce disque, même si ce chant en tandem ne fera aucune autre apparition sur les morceaux suivants.
Enveloppés que nous sommes par un sentiment de bien-être, il devient de plus en plus difficile de ne pas succomber au charme de la voix de ce Barzin H., qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Josh Haden (Spain) ; un chaud soupir dont les rares montées de ton ne font que mieux ressortir la beauté de son timbre.
Côté instrumental, des formes floues se dessinent et se meuvent autour de nous, évoluant au gré des dosages entre les instruments, dont un piano qui se révèle déterminant à plusieurs reprises. Quelques notes de synthé, une boucle de percussions et toujours la voix cristalline du garçon, tranquillement posée sur ce cotonneux ensemble, rendent "Building A House" dangereusement vénéneux. A mi-parcours, "Cruel Sea" constitue une césure par le biais d’une batterie très présente, sèche et métronomique, rythmant ce titre comme une marche inexorable vers les profondeurs de l’âme. A mesure que l’on progresse dans l’écoute de ce disque, lentement mais sûrement, les compositions s’enfoncent dans une grotte que plus aucune lumière ne vient éclairer, où le battement du cœur ralentit, pour se conclure sur le somptueux "Sleep", quelque part entre Low, Dakota Suite et Labradford.
Barzin est une respiration ; une respiration qui, libérée de toute tension encombrante, nous envahit, nous réchauffe et nous apaise les sens. A l’image de "Morning Doubts", mélange de force et de fragilité, les chansons de Barzin vous emmènent au bord du gouffre, un gouffre au fond duquel se trouvent des espoirs de sérénité et dont le murmure n’incite qu’à s’y jeter.
Venue de Toronto, la musique de Barzin aurait pu se rapprocher de son voisin Godspeed Your Black Emperor!. Il n’en est rien et cette formation démontre avec classe que d’autres musiques claires-obscures peuvent émerger de cette ville.
Fred
Past All Concerns
Over My Blue
Pale Blue Eyes
Building A House
Cruel Sea
Morning Doubts
Autumn And Moon
Sleep