Arlt – Soleil Enculé

Nous avons découvert Arlt au Palais de Tokyo. C’était en 2012, un concert organisé à l’époque par La Blogothèque avait amené Eloise Decazes, Sing Sing et Mocke en plein milieu d’une exposition dont on a déjà oublié le thème. C’était la fin de l’après-midi, les rythmes syncopés, le chant et cette guitare tout en glissendo resteront gravés dans nos cerveaux jusqu’à nos derniers jours. Sept ans plus tard, on les retrouve pour un nouvel album, le curieusement nommé “Soleil Enculé”. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et cette poésie déglinguée s’écoute comme un nouveau dialogue. Celui qui arrive après de longs échanges interrompus.

La liste des invités s’est étendue, Clément Vercelletto du trio Orgue Agnès – dont on ne serait trop recommander le premier album – est venu enrichir la palette sonore avec de nombreuses percussions et Ernest Bergez, alias Sourdure, enregistre le tout. On retrouve aussi Bertrand Belin au violon sur “La Violence est rose”. L’auberge est espagnole et la musique évoque une utopie foutraque où les esprits d’Arvo Pärt rencontrent les fantômes de Dr John et ce vieux chanteur de blues aveugle dont on a oublié le nom. Eloïse Decazes et Sing Sing chantent toujours en privilégiant l’art de la répétition plutôt que la narration. Chaque mot rentre dans les moindres recoins de nos mémoires et on y décèle quelques fêlures au gré des refrains.

Ce nouveau disque s’ouvre sur “Frère & Soeur”, l’une des plus belles confessions que l’on a pu entendre, et se clôt avec les mélodies viscérales de la chanson titre. Entre les deux, un craquage en règle avec le furieux “L’Instant même”, un potentiel tube poétique avec “Le Commencement”, un réfrigérateur sur “Les Fleurs” et la platitude de la pénombre sur “Le Ciel est tarte”. Tout cela pour un disque qui répète inlassablement comme une homélie, un laïus : « On t’emmerde, la pluie ».