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Track by track – “Hestia” de Pacôme Genty

Le nom de Pacôme Genty ne vous dira peut-être rien, et pourtant ce garçon est déjà un vétéran de la scène indé française. Après avoir formé il y a près de 20 ans le duo Rrose Tracet, qui pratiquait une “dream pop-folk” tout en subtilité et en boucles, inspirée de certains bidouilleurs américains (Akron Family, Animal Collective…), il s’affirme dans les années 2010 au sein d’Erevan Tusk, groupe au son plus rock et ample. L’aventure se termine en 2019, après deux albums et un EP. Pacôme décidé alors de se lancer en solo, épaulé par son ancien prof de guitare, par ailleurs rédacteur occasionnel pour ce site à une époque lointaine, un certain Arman Méliès…
En 2021, un premier disque simplement intitulé “Debut Album” arrive chez nos amis de Microcultures. Commencé dans le Gâtinais pendant les périodes de confinement, le deuxième, “Hestia”, est sorti fin août. Réalisée avec la fratrie Laureau (Nicolas alias Don Niño a joué un peu de guitare, coproduit et mixé, Fabrice alias F/Lor a masterisé), enregistrée en compagnie de quelques musiciens amis (Alexandre Viudès, Adrien Soleiman, Renaud Rozner, Arnaud Sèche, Marc-Antoine Perrio…), cette collection de huit chansons nous plonge dans des ambiances étranges, à la lisère du rêve éveillé. D’une brume sonore émergent de superbes lambeaux de mélodies, des rythmiques à la fois profondes et parcimonieuses, des guitares et des mots venus du Brésil – même si les textes sont majoritairement en anglais –, un psychédélisme diffus… Un disque impressionniste sur lequel Pacôme nous livre quelques indices sans en déflorer le beau mystère.


« La quête d’une personne à travers différents paysages de l’automne.
Après avoir écrit la chanson, j’ai découvert que Boccace en a fait le personnage principal d’un conte du “Décaméron”. Face à l’hystérie masculine de son mari, elle décide de revenir chez ses parents. Elle est considérée aussi bien comme patiente et docile que (et c’est cette ambiguïté qui m’intéresse) comme indépendante et non dupe de son mari.
De la même façon, Hestia (le titre de mon album) est la déesse du feu sacré et du foyer. On pourrait donc croire que c’est la description d’une femme qui reste à s’occuper de la maison ; or, il n’en est rien, elle refuse les avances d’Apollon et reste célibataire et autonome. Indépendante. »

« “Without” traite de la solitude et du manque ressenti à la fin d’une relation.
Elle décrit une nature souriante et accueillante qui recueille le/la narrateur/trice.
Comme une nature consolante. 
Les thèmes de l’aurore et du crépuscule sont très présents.
La musique est à la fois entraînante et introspective. »

« Un titre un peu plus labyrinthique, tortueux.
On retrouve, comme sur beaucoup de morceaux du disque, la guitare affûtée de Nicolas Laureau.
Avec un couplet contemplatif et un refrain plus lumineux.
Sorte de lamentation hallucinée, avec le/la narrateur/trice qui se retrouve à se demander si cette promenade (la vie ?) est une marche ou un dialogue, comme s’il fallait choisir. »

« La première chanson calme susurrée, en portugais. Comme j’utilise beaucoup d’accords qu’on retrouve dans la bossa nova, je souhaitais cette connexion avec le Brésil, au moins quelques minutes. J’écoute souvent des compositeurs/trices brésiliens, Tom Zé et Milton Nascimento en tête.
Mes amis Arnaud Sèche à la flûte et Adrien Soleiman au piano viennent enrichir le morceau.
C’est une chanson aux textes très simples, un peu comme les love songs de John Lennon : “je vois ce que tu vois, j’entends ce que tu entends…” »

« Cris de joie dans la nuit, une toile de gentillesse.
Voulu comme un mini-hymne d’amour de l’autre à travers la planète, fédérateur !
Sea to sea – pole to pole – we lay »

« Un titre plus ancien que j’avais en stock depuis longtemps et que je souhaitais absolument sortir .
Encore la description d’une marche et d’une contemplation solitaire. Je dirais que c’est une petite réflexion sur la solitude choisie – heureuse indépendance, la narratrice – heureuse de s’émouvoir de presque tout. »

« Le Saint Patron des marins. Saint-Elme était un saint chrétien et martyr.
Le/la narrateur/trice de la chanson se recueille près de l’eau dans une ville.
La chanson parle de spiritualité liée à des vœux exprimés, teintés d’espoir.
L’autre thème est la violence en rapport à l’incompréhension face à la non-écoute de l’autre.
Le titre fait référence au feu de Saint-Elme, un phénomène lumineux apparaissant sur les mâts des navires en mer, souvent perçu comme un signe d’espoir ou de protection par les marins.
La musique est conçue comme une berceuse, calme et vivace à l’image d’un paysage de bord de rivière. »

« Unique titre instrumental et dernier de l’album, je voulais cette respiration finale comme un résumé abstrait et finalement insondable du disque, en tout cas le laissant ouvert aux interprétations.
L’ami Marc-Antoine Perrio y joue de la guitare électrique par touches impressionnistes. »


Pacôme Genty assurera la première partie de Françoiz Breut le 10 octobre à la Marbrerie (Montreuil).



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