Alors que l’on n’attendait absolument rien du dernier album d’Animal Collective, “Isn’t It Now?“ se révèle être l’une des plus belles surprises pop de cet automne.
C’était au début des années 2000. Animal Collective débarquait au milieu de la scène freak folk avec l’idée – qui en vaut bien une autre – de mélanger la pop psychédélique héritée des Beach Boys avec divers collages sonores samplés sur une musique électronique et hypnotique. Le collectif sera à géométrie variable et les disques arriveront à intervalles réguliers, toujours remplis de compositions lysergiques, expérimentales, souvent brillantes, parfois ennuyeuses mais toujours curieuses.
Une vingtaine d’années plus tard, après s’être dispersés aux quatre coins du monde, Noah Lennox, Dave Portner, Brian Weitz et Josh Dibb se sont retrouvés en studio pour “Isn’t It Now?“, qui succède à un “Time Skiffs“ encore très marqué par la pandémie. Produit par Russell Elevado – qui a collaboré par le passé avec D’Angelo, The Roots et Saul Williams – le disque embrasse un certain classicisme. Les guitares et le piano sont plus présents que d’habitude, et difficile de bouder son plaisir à l’écoute de cette musique savamment orchestrée.
Avec “Soul Capturer“, on sent bien que le quatuor retrouve la joie simple de jouer ensemble son folk mutant rythmé par les blips électroniques d’un synthétiseur lo-fi. La guitare acoustique est samplée comme jamais pour marteler inlassablement une composition étrange, portée par une basse particulièrement aventureuse. Une approche assez traditionnelle pour ce premier morceau qui ravira autant les fans du culte “If I Could Only Remember My Name“ de David Crosby que du dernier Autechre.
Au milieu du disque, le quatuor nous plonge dans une immense logorrhée cosmique et introspective longue de 21 minutes avec “Defeat“. Le titre s’étire comme un long plan-séquence de Michelangelo Antonioni… et on a le droit de rester insensible face à ce morceau de bravoure qui aurait pu se retrouver seul sur un maxi.
Légèrement éméché, Animal Collective se hasarde à jouer quelques rythmes chaloupées sur “All the Clubs Are Broken“. Contre toutes attentes, le reggae s’invite même sur “Gem & I“. Des choix audacieux quand on se remémore les nombreux groupes qui se seront durement plantés en essayant d’imiter cette musique caribéenne. Le quatuor évite cet écueil grâce à des compositions d’une rare justesse.
Avec son piano wilsonien, “Stride Rite“ nous rappelle qu’Animal Collective demeure un groupe authentiquement pop, de ceux qui savent vous toucher avec une mélodie simple quand on ne s’y attend pas. C’est avec les vocalises polyphoniques de “King’s Walk“ (CSN&Y, encore) que Noah Lennox, Dave Portner, Brian Weitz et Josh Dibb choisissent de refermer “Isn’t It Now?“. Une très belle chanson où l’on entend une vielle à roue qui diffuse un long drone refusant de s’arrêter, préférant s’ouvrir comme jamais sur les grands espaces de notre imagination.
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