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Interviews

Track by track – “Nom de domaine” de Signal Faible

Signal Faible est le nouveau projet de Nicolas Falez, qu’on avait découvert dans les années 90 avec Superflu, puis suivi avec Fontaine Wallace. On dit bien « projet » et non « groupe », car il a décidé ici de s’entourer de divers musiciens – et amis de longue date ou non – au gré des neuf morceaux de “Nom de domaine” (Microcultures Records/Kuroneko). Mais malgré cette profusion de collaborateurs (dix voix sur le mal nommé “Soustraction” !), on retrouve bien au cœur des chansons sa vision douce-amère du monde qui l’entoure, portée par des mélodies à combustion lente, des guitares venues d’Amérique et des arrangements discrets et élégants, à dominante acoustique (piano, trombone, vibraphone…).
L’album se prêtait en tout cas particulièrement bien à l’exercice de l’analyse titre par titre, à laquelle Nicolas se livre ci-dessous.

L’Antijumeau

« C’est un morceau très dépouillé car Thomas Van Cottom (Cabane) l’a débarrassé de quelques oripeaux inutiles qui figuraient dans une première version. Au départ, j’avais contacté Thomas pour une tout autre chose : on m’avait demandé de participer à une compilation de reprises de Leonard Cohen et j’avais immédiatement pensé au travail magnifique de Thomas sur Grande est la maison, le premier album de Cabane. Il m’a répondu: « Bof, les reprises… je préfèrerais travailler sur des morceaux de toi ». Après ça, il était facile de le prendre au mot, il ne pouvait plus m’échapper. Et avec L’Antijumeau, je peux dire que j’ai réussi à placer « Pôle emploi » dans une chanson. »

Soustraction

« Dix chanteuses et chanteurs plus Adam Snyder (Mercury Rev) au piano… c’était magique d’assembler tout ça en recevant les pistes que tout le monde m’envoyait. La chanson raconte la disparition, l’effacement du point de vue de celle ou de celui qui s’en va pour toujours. Et plus j’intégrais de nouvelles voix à la chanson, plus j’enlevais celle que j’avais enregistrée à titre d’indication pour les invité.e.s. C’était donc cohérent de me dissoudre, de m’effacer dans les chants amis de Lonny, Silvain Vanot, Bertrand Betsch, Julie Bonnie, Gontard, Nesles, Jérôme Castel, Alexandre Delano, Orso Jesenska et Julie Gasnier. »

Bocage

« Christian Quermalet (The Married Monk) joue la batterie et Jérôme Castel est à la basse et aux chœurs. C’est une sorte de grand écart puisque Christian a travaillé sur les trois albums de Superflu (le premier ayant été enregistré en 1997), alors que je ne connais Jérôme que depuis peu de temps. Je voulais cela pour Signal Faible : des vieux complices et de nouveaux camarades de jeu. Pour cette chanson d’amour bucolique et bizarre, ils ont su trouver la poésie et l’étrangeté que je voulais. Et maintenant je peux dire que j’ai réussi à placer « seum » dans une chanson. »

Par ta petite tête

« Je suis très fan d’Arlt. Et à partir du moment où j’ai imaginé qu’Éloïse et Sing Sing pouvaient chanter la fin du morceau, c’est devenu une évidence qu’il fallait leur demander. J’étais fou de joie lorsqu’ils ont accepté de passer à la maison pour prêter leurs voix à la litanie de fin du morceau : « Sois libre comme les lèvres / Célèbre les vivants / Souviens-toi des morts / Pardonne aux absents ». Pour cette procession, il fallait une fanfare et c’est Tom Rocton (The Married Monk, Alone With King Kong) qui l’a faite sortir de son trombone. »

Pizza

« C’est la chanson la plus fictionnelle, peut-être la plus cinématographique du disque. Christian Quermalet a imaginé cette batterie hypnotique et Jérôme Castel a ajouté des guitares électriques aux miennes. Et maintenant je peux dire que j’ai réussi à placer « James Dean » dans une chanson. »

Alien

« Sur cette comptine folk un peu bizarre, on entend Thomas Van Cottom jouer du vibraphone et faire des chœurs, puis Tom Rocton au trombone. Alien n’a ni couplet ni refrain : c’est une chanson en deux parties et l’idée était de les habiller différemment sans perdre le fil entre le début et la fin. Et maintenant je peux dire que j’ai réussi à placer « acteur porno » dans une chanson. »

Ce soir particulier

« Sur cette chanson, c’est une autre forme de collaboration puisqu’il s’agir d’une reprise. Je suis tombé amoureux de ce morceau de Brome (le projet musical de Timothée Demoury, qui travaille désormais sous le nom de Grand Ressac) la première fois que je l’ai entendu. Il dégage un imaginaire très fort puisqu’il évoque des paysages africains qui me sont étrangers. Et toute l’idée était de déplacer ce lointain vers d’autres univers, ceux du folk et de la country. »

Billy Cheval

« La chanson a été chamboulée en passant de main en main. Celles de Thomas Van Cottom, de Jérôme Castel et de Tom Rocton. La structure a changé au fil des échanges, l’instrumentation aussi… le morceau est devenu plus étrange, plus mystérieux. Et c’était l’idéal pour Billy Cheval qui est une plongée dans l’enfance. Et maintenant je peux dire que j’ai réussi à placer « Pompidou » dans une chanson. »

Une lumière neuve (pour cette vieille nuit)

« C’est une reprise de Superflu. Enfin, pas vraiment une reprise puisque c’est une chanson que j’ai écrite… Et pourtant : pour la rejouer et la réenregistrer quinze ans plus tard, il fallait aller la rechercher assez loin dans le passé et ma mémoire. C’est une façon de boucler les boucles qui peuvent l’être et d’essayer de me sentir en paix avec tout ça. »

Signal Faible en concert en novembre :

• le 23 à la Médiathèque d’Aire-sur-l’Adour (Landes).
• le 24 à La Grande Famille à Pinsaguel (Haute-Garonne).
• le 25 en concert privé à Poitiers.


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