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Disques

Matt Elliott – The End of Days

C’est un fait, l’humanité est sur le point de disparaître. On passera de toute évidence nos derniers instants en compagnie de Matt Elliott, et des élégies pour un monde qui s’éteint de son neuvième album.

Ainsi, la noirceur aurait aussi la faculté d’être irradiante. Ainsi, le désespoir pourrait être source de bonheur. Ainsi, le deuil un motif de réjouissance. Peut-être que tout cela a un rapport avec la beauté, qui transcende les affres les plus sombres de la destinée humaine…

Entrer dans le neuvième album solo de l’ancien Third Eye Fondation, Matt Elliott, c’est faire cette expérience de traverser un paysage de désolation pré-apocalyptique, où tout est appelé à disparaître à jamais, et de trouver cela merveilleux.

Tout ? En tout cas le genre humain, qui après avoir détruit consciencieusement les espèces animales et épuisé les réserves naturelles, se sera lui-même voué à sa perte. Matt Elliott ne dit pas autre chose et ne peut faire autrement qu’accompagner l’extinction programmée de toute civilisation. Messe funèbre pour l’humanité, à laquelle la planète survivra : « And the nights and the seasons continue long after we’re gone » (January’s Song).

Mais lui n’est pas du genre à éteindre la lumière avant de partir, et dès le premier des six longs titres, éponyme de l’album, The End of Days, il plaque sa voix profonde et caverneuse sur un fleuve tranquille de fragilité et de mélancolie. Si le monde est si dur, s’il court à sa perte, restons ensemble, serrés les uns contre les autres, dans une lumineuse tristesse.

L’instrumentation tout au long de l’album est humble et d’une rare élégance, un motif de guitare classique, parfois presque flamenco, ou à l’italienne, soutenu par la basse du complice Jeff Halam, le piano de l’autre pointe du triangle David Chalmin qui intervient discrètement, et un saxo, dernier arrivé dans l’univers feutré de Matt Elliott, qui ajoute régulièrement des reflets d’or aux sombres reliefs de l’album, et dont les notes traînantes font elles aussi assaut de mélancolie.

Dans Song of Consolation, Matt Elliott parle du regret d’une décision non prise (celle de ne pas avoir su rompre quand il aurait fallu le faire), et des opportunités qui, dans une vie, plus jamais ne se représentent. Saisir l’instant avant qu’il ne s’échappe. Une sorte de carpe diem, finalement, même (surtout) si demain n’existe plus.

Le plus long morceau du disque s’intitule Flowers of Bea, un hommage à une certaine Béatrice Carpentier, une jeune femme décédée dans un accident. En concert, Matt Elliott dit qu’il était voisin du lieu de l’accident et que durant des années, il est passé devant ce lieu de recueillement toujours fleuri. Et qu’il a souhaité écrire une chanson pour exprimer ceci : il est si beau de s’attarder sur le souvenir des disparus, qui ne nous quittent jamais vraiment si leur mémoire demeure… La Terre se souviendra-t-elle des Hommes ?

En concert le 12 octobre à Mayenne (Pampa!), le 19 à Toulouse (Le Metronum), le 24 novembre à Agen (Le Florida).

Album disponible chez tous les bons disquaires et sur le site du label Ici d’ailleurs

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