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Joe Strummer, une vitalité éternelle

A l’occasion des vingt ans de sa mort, retour sur le mythe Joe Strummer qui a marqué des générations de fans et laissé une trace indélébile.

Le temps passe, les souvenirs restent. Le souvenir de la première fois où l’on a posé “London Calling” sur la platine, ébloui par cet incroyable concentré d’énergie sur plus d’une heure. Le souvenir des premières images du Clash sur scène, et principalement de son leader Joe Strummer, véritable bâton de dynamite prêt à exploser à chaque instant. Et surtout, le souvenir de ce 22 décembre 2002, il y a vingt ans jour pour jour, où l’on apprit avec une grande tristesse la mort de cette figure aussi bien musicale, morale que politique. Alors, le but n’est pas ici de raconter la vie et l’œuvre de Joe Strummer, cela a été fait des centaines de fois et, de toute façon, il y a Wikipedia pour ça. Le but est plus simplement, pour commémorer les vingt ans de sa mort, de rappeler à quel point et comment il a pu profondément marquer des générations de mélomanes.

Fils de diplomate, Joe Strummer, de son vrai nom John Mellor, avait rapidement choisi une autre voie, une autre vie, habitant dans des squats et vivotant avec son premier groupe les 101ers (même s’ils commençaient à avoir un petit succès) avant de voir les Sex Pistols sur scène et de comprendre que l’avenir était là. Rejoignant ce mouvement appelé punk, il a alors formé The Clash avec Mick Jones à la guitare et Paul Simonon à la basse, rejoints plus tard par Topper Headon à la batterie. Ils ont tout de suite sorti un premier album, authentique brûlot punk balançant une musique insurrectionnelle à l’énergie démentielle. Et que dire des concerts ! Chacun d’entre eux s’apparentait à une émeute en puissance avec cette musique idéale pour les barricades, pour les révolutions, où le soldat Strummer se tenait toujours fièrement aux avant-postes, sur le front, infatigable boule d’énergie faisant feu de tout bois. Mais autant rage et furie semblaient le guider en permanence sur scène, autant, en dehors, il apparaissait souvent comme un modèle de générosité, le groupe n’hésitant pas, par exemple, après les concerts, à accueillir les fans qui n’avaient pas d’endroit où dormir. The Clash, et lui en particulier, a toujours été d’une intégrité et d’une éthique irréprochables.

Après son deuxième album “Give’em Enough Rope”, le groupe a ensuite pu montrer, avec “London Calling”, qu’il avait les oreilles grandes ouvertes sur toutes les musiques, réussissant à s’approprier aussi bien rhythm’n’blues, rockabilly, reggae que jazz pour, au bout du compte, constituer le meilleur des produits dopants avec ce chef-d’œuvre double régulièrement plébiscité dans les classements des meilleurs albums apparaissant ici ou là. Mais l’utilisation du studio comme un laboratoire s’est encore plus concrétisée avec “Sandinista !”, le disque suivant, où, dans le grand chaudron utilisé pour élaborer leurs chansons, outre les genres musicaux déjà évoqués, ils n’hésitaient pas à ajouter soul, funk, rap ou dub pour, au final, accoucher d’un triple album à la richesse et à la diversité stupéfiantes.

Après la séparation du groupe en 1985, Joe Strummer a connu une carrière solo longtemps erratique avant d’être accompagné, à partir de la fin des années 90, par les Mescaleros qui lui ont permis de se relancer, toujours armé de sa fidèle Telecaster, posant son inimitable voix rugueuse sur des titres qui, au travers de trois albums (dont un posthume), démontraient qu’il continuait de s’intéresser à toutes les musiques, de tous les continents. Mais il ne faudrait pas non plus oublier sa carrière d’acteur, lui qui a eu l’occasion de tourner avec quelques grands noms du cinéma indépendant, que ce soit Jim Jarmusch (“Mystery Train”), Aki Kaurismäki (“J’ai engagé un tueur”) ou encore F.J. Ossang (“Docteur Chance”). Le mythe Strummer dépassait alors le strict cadre du rock pour imprimer sur pellicule, même au travers de petits rôles, son charisme naturel.

Vingt ans ont donc passé, la tristesse s’est progressivement estompée mais la figure de Joe Strummer reste encore aujourd’hui solidement ancrée dans nos cœurs et dans nos âmes. Disparu à l’âge de cinquante ans, parti définitivement trop tôt, il laissera éternellement un vide en nous, un vide qui n’est pas prêt d’être comblé. Miss you, Joe.

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