The Datsuns fêtent leur fin de tournée avec The Hellacopters dans les sous-sols d’un bar-restaurant de la vieille ville de Stockholm, devant un parterre de fans et de copains. Généreux (le show est gratuit) et électrisant : The Datsuns à leur meilleur dans les plus belles conditions possibles pour tout fan de sueur et de fureur garage.
Saloperie de pandémie. Albums sortis dans l’anonymat relatif (exemple, ce “Eye to Eye”, paru chez Hellsquad en 2021), tournées repoussées, embouteillage de calendriers, la vie de rockeur n’est pas facile. « It’s a long way to the top if you wanna rock n’roll », comme disait l’autre…
The Datsuns concluent leur tournée avec The Hellacopters et souhaitent finir en beauté, dans la ville qui accueille le chanteur bassiste Dolf De Borst depuis des années, avant que chacun retourne dans sa partie du monde préférée (qui la Nouvelle-Zélande, qui le Japon…). Malédiction, aucune salle n’est libre pour accueillir The Datsuns… Qu’importe, ils joueront dans la cave du bar-restau tex-mex Geronimo’s FGT, où travaille le nouveau batteur du groupe Adam Lindmark.
On craint pour les oreilles lorsqu’on voit la scène (9 ou 12 m2 max), pour un concert en quasi conditions de répète, mais c’est sans compter sur la maîtrise sonore et scénique du groupe. C’est la marque des grands : il y a ceux qui savent, ou pas, s’adapter à toutes les conditions : scène géante de festival en plein air et arrière-salle de bar souterraine et basse de plafond.
C’est donc un show plein et généreux, donné pour le plaisir, celui des spectateurs et celui du groupe, hurlant et souriant, mouillant littéralement la chemise dès le premier titre, “Gods Are Bored”, parfaite introduction qui déchaine la foule.
You know the gods, yeah the gods are so bored
Come get wild tonight
Et ça commence très fort avec un Phil Somerwell qui déboule dans le public, lequel répond par un très beau lancer de bière en direction de la batterie.
Tout le cirque du rock ne nous sera pas épargné, et même on en redemande. Soli magistraux (Christian Livingstone, impérial), jeté de jambes, harangue du public, appelé à se manifester avant la longue hibernation scénique du groupe (quelques mois : il tourne de nouveau en avril, notamment en France), et même, tentative de De Borst de se jucher sur les épaules de Livingstone, en train de tricoter sa Les Paul, entraînant une chute de la bête à deux dos sur la batterie, le tout sans fausse note ni dérapage vocal. On n’est pas là pour rigoler…
Idem lorsqu’un fan monte sur scène, De Borst lui demande son prénom au micro et l’évacue promptement et… nommément. Chaleur et communion certes, mais un certain respect donc.
Deux, trois escalades sur la batterie, une échappée belle de De Borst dans le public, avec une gestion au cordeau du fil de micro par Dregen, guitariste des Hellacopters, au four et au moulin au premier rang, entre air guitar, service de boissons (sur plateau s’il vous plait mais aussi quelques rincettes de bières sur la guitare de Somerwell : le rock a ses rituels aussi stricts que chez les Baptistes) : c’est un concert, c’est un show, que dis-je c’est une explosion de rage, de sueur avec surtout beaucoup de plaisir pour un long set, pas du tout au rabais (cf. setlist en bas de page).
Au-delà du cirque scénique, qui a fait leur fortune à leurs débuts, The Datsuns c’est aussi une superbe machine mélodique qui se déploie album après album (relire la chronique de “Headstunts”). Machine mélodique puissante et impressionnante dont on apprécie tout particulièrement les tubes de “Snake Rattle Boogie” (mon préféré, un tiers de la setlist), heavy à souhait, sublimés en concert car révélant toute leur magie derrière des gestes précis ici dévoilés. Ces gars-là savent jouer, c’est clair, ils savent durer aussi et c’est plus délicat. Rappelons que De Borst est désormais bassiste des Hellacopters et que le bougre s’enquillait donc deux sets lors de leur tournée commune…
Comme dans tous les bons festins familiaux, la participation du public est requise. Ici en s’agenouillant tous avant une explosion-libération finale. Ça marche toujours… Vingt ans que ces types-là assurent « le retour du rock »…
Hormis Dregen, absent-présent de la scène, et premier fan en chef, une autre légende locale, Tobias Egge d’Imperial State Electric est invité à tenir les maracas sur un ultime titre, avant l’explosion finale d’un Adam Lindmark « violemment heureux » selon la formule consacrée d’une autre Scandinave, éclatant sa batterie à coups de pieds et de bras avant de se jeter dans la foule en direction de son bar.
C’était bon… Signalons aussi, c’est assez rare pour le souligner, que tout ce petit monde circulait dans le public, accessible et chaleureux donc bien loin des piédestaux rock (encore) à déboulonner. The Datsuns méritent amplement leur légende : rendez-vous en avril.
Avec l’aide de Johanna D.éesse ennuyée de garder la chambre.
Setlist :
Gods are bored (Death Rattle Boogie, 2012)
Others people’s eyes (Eye to Eye, 2021)
Sittin’ Pretty (The Datsuns, 2002)
Harmonic Generator (The Datsuns, 2002)
Brain to Brain (Eye to Eye, 2021)
So Long (Headstunts, 2008)
Caught in the silver (Deep Sleep, 2014)
Axethrower (Death Rattle Boogie, 2012)
Dehumanise (Eye to Eye, 2021)
Bite My tongue (Eye to Eye, 2021)
Helping Hands (Death Rattle Boogie, 2012)
Emperor’s New Clothes (Smoke & Mirrors, 2006)
Gold Halo (Death Rattle Boogie, 2012)
Goodbye Ghosts (Death Rattle Boogie, 2012)
MF from Hell (The Datsuns, 2002)
Who Are You Stamping Your Foot For (Smoke & Mirrors, 2006)