Mdou Moctar et son gang débarquent armés comme le groupe Wagner pour mettre tout le monde d’accord mais ses méthodes sont pacifiques. Ça chauffe en Suède (2).
Il fait très frais en ce 22 avril 2022 mais l’ambiance est torride dans la salle de Fasching pour le concert, complet, de Mdou Moctar. On y croise le maître (de la programmation) des lieux serrant des paluches, avant de se glisser, facilement, devant la scène. Mal nous en prit : en plein devant la batterie, pas loin de l’énorme ampli de la star nigérienne… Tant d’années de concerts et toujours pas l’ombre d’une quelconque jugeote…
Mdou et sa bande débarquent en boubous brillants de fête, le guitariste enturbanné, pour nous en mettre plein les esgourdes. Tranquillement. Paisiblement. Une basse lourde posée, Mikey Coltun, un batteur déchaîné, solide, Souleymane Ibrahim et les deux guitaristes tricotant de concert, majestueusement, guitares et pédales.
À l’africaine : ça joue fort, très fort, longuement, étirant encore plus les compositions, recherchant la transe, la distorsion et l’oubli du temps. Le spectacle est évidemment côté guitares, grattées comme des instruments africains, balafons ou autres, mais en utilisant les techniques modernes des guitares électriques. On retrouve des gestes vus en Afrique de l’ouest mais aussi ceux de Mark Knopfler ou d’Eddie Van Halen. C’est très curieux.
Il est un peu sur le côté, au propre et au figuré, mais le second couteau, de luxe, Ahmoudou Madassane se taille la part du lion, surtout lorsqu’il est invité, en rappel, à se mettre au centre du jeu.
Évidemment, on est heureux d’entendre nos titres préférés d’« Afrique Victime » et de chanter comme nos copains d’un soir en yaourt de lait de chèvre. Ça fait aussi partie du spectacle.
C’est proprement sourds qu’on ressort de ce concert physique, peut-être autant sinon plus pour les spectateurs que pour les musiciens qui avaient l’air d’être en promenade de santé (nulle trace de sueur ni de fatigue, hormis peut-être pour le batteur, surhumain). Sourds mais heureux, victimes consentantes. Allahou Akbar.
Ah, un détail important tout de même : « Jump » de Van Halen pour reprendre ses esprits après le concert : une excellente idée même si « Eruption » aurait été mieux senti.
Avec l’aide de Johanna D., la sourde d’à côté.