Deux ans après la sortie de leur splendide “For Their Love”, les Américains d’Other Lives pouvaient enfin défendre le disque sur les scènes françaises. Compte-rendu de l’étape bordelaise de la mi-mars.
Devant une salle finalement bien remplie, et démasquée, c’est à Laura Cahen que revenait la mission d’ouvrir la soirée. Seule avec ses guitares (acoustique et électrique), la musicienne s’en est sortie avec brio. Cela tenait à pas grand-chose, et beaucoup à la fois : la juste dose d’émotion, de finesse mélodique, de textes bien écrits sans oublier un brin d’autodérision. Et cette demi-heure prouve que l’on peut surmonter une résidence d’écriture dans un camp de vacances EDF (anecdote déjà racontée lors de la date parisienne) et en sortir au moins une belle chanson !
Sur le coup de 21h20 (presque) pétantes arrive Other Lives. Le Covid n’étant pas encore de l’histoire ancienne, c’est en trio que l’on retrouve la formation, Jesse et Kim Tabish étant accompagnés par un batteur qui a tenu à combler les manques de la formation réduite. Des claviers, de la trompette et du violon, cet homme fait presque tout et Jesse précise qu’il a grandement contribué à la mise en place du set réarrangé pour trois. Ce n’est donc pas totalement ça qui cloche, mais bel et bien le son – une critique entendue sur plusieurs dates de la tournée. Le concert s’est ouvert sur “We Wait” et “Niqht’s Out”, dont la force mélodique a un peu pâti des absences instrumentales mais aussi d’un son étrangement saturé, avec un choix de mettre l’accent sur des basses et des bandes pour remplacer l’absence des cordes, donnant une impression de brouillon. L’émotion passe un peu moins bien, malgré l’énergie très positive de Jesse Tabish, que l’on sent ravi d’être sur scène, et, pour nous, le plaisir d’entendre enfin en live ces morceaux qui nous accompagnent depuis deux ans.
Si le son restera brouillon tout du long, il restera de belles choses à garder de cette grosse heure (forcément trop courte) : il y a cette setlist, joliment équilibrée entre les différentes disques du groupe qui permet d’entendre “For 12”, “Dust Bowl III” ou “Tamer Animals” des précédents disques, qui ressortent avec bonheur, voire mieux que les nouveaux titres. Il y a cette reprise de “The Partisan” de Leonard Cohen, dédiée au peuple ukrainien – un classique des concerts du groupe qui semble tout à fait à sa place en cette soirée –, et un “Dead Language” joliment réarrangé. Il y a, toujours, cette générosité du trio pour qui on sent que cette tournée est riche de sens, même si pallier l’absence de deux musiciens a été forcément délicat. Alors oui, on aurait aimé un son parfait et un groupe au complet, mais en ces temps (encore) difficiles, on peut décider de garder le positif, tout en espérant retrouver Other Lives en “grande” formation dans un futur proche. Les festivals d’été, peut-être ?
Photos : François Gardes
Merci à Marine Batal et à l’équipe du Krakatoa