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13 essentiels – Pascal Bouaziz, musiques réalistes et crépusculaires

En 1997, Mendelson fait une entrée fracassante sur la carte musicale de la France de la fin du XXe siècle. Le duo, constitué de Pascal Bouaziz et Olivier Féjoz, nous offre une parole foncièrement originale, celle de la banlieue ordinaire (“Combs-la-Ville”) et du désespoir (“Je ne veux pas mourir”) sur des musiques minimalistes, inspirées et touchantes. Trois ans plus tard, en ayant merveilleusement densifié et complexifié ses bases musicales, le groupe produit un disque qui creuse son sillon en mettant en lumière le peuple de l’ombre (“Pinto”) et commence à questionner sa propre histoire (“Monsieur”). Après trois nouvelles années, Mendelson tente un premier virage en allégeant son propos sur un album mineur (“Mendelzöhnn”).
Un retour aux affaires s’opère ensuite avec un double album dense, que vient notamment illuminer une madeleine de Proust incroyablement émouvante qui restera comme le marqueur d’une génération (“1983 (Barbara)”). Le suivant est triple et creuse encore la noirceur. Son cœur dessine les contours d’un isthme où seule une mince bande de terre relie encore le groupe à son environnement (“Les Heures”).
S’ensuivent deux parenthèses. La première, Bruit Noir, en duo avec Jean-Michel Pirès, propose une musique brutale et dépouillée, accompagnée de textes sans filtre et emplis de troisième degré (“La Province”). Bruit Noir serait-il à Bouaziz ce que les “Idées noires” furent à Franquin ? La seconde, en solo, est plus douce (“L’Etre humain”). Le retour de Mendelson s’apparente à un pas de côté, un exercice plutôt réussi d’adaptations en français de morceaux anglo-saxons signés par des songwriters majeurs comme par des groupes post-punk radicaux (« Le soulèvement »). Après un second opus de Bruit Noir dans la continuité du premier (“Le Succès”), Pascal Bouaziz rejoint Michel Cloup et le batteur Julien Rufié pour une adaptation musicale du puissant récit de Joseph Ponthus sur son quotidien d’ouvrier (“C’est fantastique”).

Enfin, programmant la mort de son projet principal Mendelson, Pascal Bouaziz réunit une dernière fois ses compagnons musicaux pour un ultime album paru il y a quelques jours, où il explore notamment sa propre histoire familiale de manière déchirante (“Algérie”).

Photo : Emmanuel Bacquet.

Je ne veux pas mourir (Mendelson, “L’avenir est devant”, 1997)
Combs-la-Ville (Mendelson, “L’avenir est devant”, 1997)
Pinto (Mendelson, “Quelque part”, 2000)
Monsieur (Mendelson, “Quelque part”, 2000)
Mendelzöhnn (Mendelson, “Seuls au sommet”, 2003)
1983 (Barbara) (Mendelson, “Personne ne le fera pour nous”, 2008)
Les heures (Mendelson, “Mendelson”, 2013)
La Province (Bruit Noir, “I – III”, 2015)
L’être humain (Pascal Bouaziz, “Haïkus”, 2016)
Le soulèvement (Mendelson, “Sciences politiques”, 2017)
Le succès (Bruit Noir, “II – III”, 2019)
C’est fantastique (Michel Cloup Duo – Pascal Bouaziz, “A la ligne – chansons d’usine”, 2020)
Algérie (Mendelson, “Le Dernier Album”, 2021)

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