LOW
Quelques jours après une prestation à St-Malo, Alan Sparhawk nous rend une petite visite en solitaire afin de présenter le nouvel album de Low, « Drums and Guns ». Un album sur lequel le groupe réduit sa musique à sa colonne vertébrale, entre tourments intimes et problèmes du monde.
Comment se sont passés les premiers concerts de cette tournée ?
Oh, très bien. C’était la première fois que nous jouions les morceaux du nouvel album, on s’est demandé comment on allait les jouer, on a essayé des versions différentes d’un même morceau jusqu’à ce qu’on trouve celles qu’on préfère.
Il y a certaines chansons sur ce nouvel album que vous avez beaucoup jouées en concert avant de les enregistrer, et elles ont semble-t-il beaucoup évolué entre la scène et le studio…
Quand nous avons commencé l’enregistrement de ce disque, je me suis dit que si nous procédions comme nous avions toujours procédé – c’est-à-dire arriver dans le studio et jouer les chansons de la façon dont nous les avions jouées sur scène auparavant -, alors je pouvais d’avance dire à quoi ressemblerait le disque, et je ne voulais pas que ça se passe comme ça, cela ne me paraissait pas un défi suffisant. Je connaissais déjà ce chemin, et il n’y aurait rien eu de nouveau, ça aurait été juste un disque de plus. Une des pistes que j’ai envisagées alors, ça a été de ne pas jouer ces chansons avec des instruments dont nous avions l’habitude de jouer, de repartir de zéro : « Ok, alors nous avons besoin d’un rythme pour nous permettre de garder le rythme, de quelques accords sur lesquels baser nos harmonies et puis des voix. Et ensuite nous verrons de quoi nous aurons besoin en plus ». La plupart du temps, c’est tout ce dont nous avions besoin, il n’y avait rien à ajouter. Nous savions que nous voulions un album simple, minimaliste, les chansons que nous avions écrites étaient plutôt directes et les voix devaient être présentes, en avant. Il fallait à la fois que la musique représente un challenge pour nous et que nous en fassions moins, pour mettre en avant les voix. Nous n’avions pas particulièrement de plan avant d’entrer en studio, mais nous savions qu’il nous fallait un certain niveau de changement, il fallait que nous nous fassions violence et que nous nous aventurions dans l’obscurité un minimum. Incertitude, plutôt qu’obscurité, en fait : nous avions besoin d’incertitude. C’est quelque chose que nous avons appris sur nous-mêmes au fil des années et nous avons voulu en faire davantage usage cette fois-ci.
C’est difficile de trouver ce genre de challenge après quatorze années au sein d’un groupe ?
Oui, il nous a été difficile de sortir de nos habitudes. Ça a été difficile, mais je suis heureux que nous l’ayons fait. Il fallait que ce le soit pour que cela donne quelque chose dont nous soyons heureux.
Pour ce qui est du producteur, vous n’avez pas changé par rapport au précédent album : qu’est-ce qui vous a poussés à travailler à nouveau avec Dave Fridmann ?
Ça s’était bien passé avec lui sur le précédent, nous arrivons bien à communiquer avec lui. J’apprécie son attitude. Il sait donner confiance aux musiciens, il donne envie à chacun de se donner à fond. Il sait voir au-delà de ce que tu penses que tu serais capable de faire. Lui-même se donne à fond. Quelle que soit l’idée stupide que tu aies, il est partant. Parfois, ça suffit à transformer une idée stupide en quelque chose qui fonctionne.
Est-ce que vous vous sentez plus libres maintenant, après cet album, pour ce qui est de votre son, des idées que vous pouvez utiliser dans la musique de Low ?
Oui, mais pas dans le sens où on se dirait qu’on peut faire tout ce qu’on veut. Après avoir fini ce disque, je sens qu’il y a plus de possibilités pour Low, ce n’est pas quelque chose de précis, qui me ferait dire « ah, oui, je peux jouer de cette façon si je veux ». Non, c’est plutôt l’idée que nous sommes sortis un petit peu de nos habitudes alors que par le passé nous avions tendance à être prudents, à nous borner à ce que nous savions faire. Alors oui, nous sommes plus libres. Plus libres et ignorants (rires).