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Interviews

Jo Wedin & Jean Felzine – Interview

Jo Wedin & Jean Felzine ont sorti un excellent premier EP le mois dernier. Rencontre avec Johanna et Jean afin d’en savoir un peu plus sur leur parcours, leur rencontre et leur travail.

Jean, c’est Johanna qui est venue te voir pour que tu lui écrives des chansons. C’est la première fois que tu écris pour quelqu’un ?

Jean Non, j’ai écrit pour Camélia Jordana aussi. Il faut savoir que maintenant on compose et on écrit ensemble, mais la chanson « La valise » était une commande de Johanna qui souhaitait faire un disque solo. Très vite, on s’est rendu compte qu’on aimait la même musique et nos intentions étaient assez proches.

Johanna J’habite en France depuis quelques années. En Suède, j’aimais déjà beaucoup la chanson française des années 60. Ado, j’écoutais Françoise Hardy. Au départ, je voulais chanter en français mais je n’avais pas vu la difficulté de composer dans cette langue.

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Jean, tu es tombé dans la culture rock très jeune ?

Pas du tout. Plutôt à d’adolescence vers 15 ans. Mes parents n’écoutaient pas beaucoup de musique. Un peu de chanson française mais ça ne m’intéressait pas vraiment. J’ai écouté des choses comme Nirvana et puis j’ai remonté le fil avec les Ramones, Les Stooges, jusqu’au années 50. Puis la Soul et la grande musique américaine de cette époque. J’aime aussi les Kinks, les Who, les Beatles mais avec Johanna nos influences sont surtout américaines.

Johanna Jean m’a fait découvrir des groupes de Country aussi. C’est un genre musical que je ne connaissais pas. De mon coté, j’écoute beaucoup de musique jamaïcaine. En Suède, c’est un style très apprécié qui n’a pas été abîmé par des groupes médiocres comme en France. J’adore tous les disques de Studio One. Mais c’est vrai qu’avec Jean, ce qu’on aime c’est d’abord les grands chanteurs, les grandes voix.

Les duos se font rares aujourd’hui…

Jean Je ne sais pas… Peut-être. Il y a les Brigitte. En tout cas, on a voulu éviter le cliché Birkin / Gainsbourg avec d’un coté le mal et de l’autre la femelle. On pensait plutôt au Everly Brothers avec deux chanteurs qui s’harmonisent.

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Vous êtes passés au Chantier des Francos alors que vous aviez déjà de l’expérience. Pourquoi ?

Johanna Lorsqu’on a commencé le Chantier on n’avait rien, pas de disque, pas un clip à montrer à l’équipe. Avoir du temps pour peaufiner le live au niveau du son, des attitudes sur scène, c’est vraiment confortable. Ça nous a apporté énormément.

En parlant de clip, vous postez régulièrement des vidéos de vos chansons et de reprises que vous faites dans votre appartement.

Jean Oui. C’est pas des superproductions, mais voilà, c’est très spontané. On prend du plaisir à chanter, à faire des reprises. Comme on a pas d’émissions de télé aujourd’hui comme les Carpentier, on a ce moyen pour faire passer des choses. Je trouve que c’est important de ne pas jouer que ses chansons à soi. Je ne suis pas obsédé par le fait qu’il faille être l’auteur et le compositeur de tout son répertoire. Les artistes qu’on aime écouter font des reprises sur la moitié de leur disque. J’ai d’ailleurs fait un disque de reprise et Jo a auto produit un disque de jazz avec des reprises. D’ailleurs pour l’album à venir, j’aimerais bien qu’il y en ait une.

Johanna J’aime bien bidouiller. Je suis plutôt à l’aise avec le multimédia. Je n’ai jamais eu de maison de disques qui s’occupe des clips, des photos avec mon ancien groupe MAI. Du coup, il a fallu que je sois autonome. Mes premiers EP ont été auto produits. De fait, tu apprends beaucoup de choses. Ça n’est pas quelque chose qui me dérange même si je préférerais me consacrer davantage à la musique.

Vous vous considérez comme un groupe de rock ?

Jean Non. On fait de la chanson au sens français ou de la pop au sens anglais. Par exemple, le titre « Idiot » qui a choisi de lancer en premier, c’est un pur slow. Il y a peut-être un son de guitare qui évoque une époque où le rock n’ roll existait mais pour moi c’est plus proche de Marie Laforêt ou de Dionne Warwick.

C’est assez drôle cette façon de découper le mot « Idiot » dans la chanson.

Johanna Jean et moi avons co-écrit cette chanson. Elle a été composée par Johan, le bassiste de Mustang. Il nous a envoyé une maquette en yaourt. Il me voyait bien la chanter. La mélodie faisait Di Di O, Di Di O. Jean a remplacé ça par Idiot. C’est un peu à l’ancienne de décomposer les syllabes d’un mot comme ça, mais ça fonctionnait bien.

Les hommes ne savent plus bricoler, même plus picoler…On est mal barré ? C’est un constat ? C’est du vécu ?

Johanna Celle-là est coécrite également. Je trouve qu’il y a beaucoup de chansons, de critiques sur les femmes. J’emploierai le mot anglais « scrutinize ». On les détaille beaucoup. J’avais envie de faire ça pour les hommes. En gros, j’ai pensé à tous les clichés qu’on colle aux hommes. C’est une chanson un brin féministe.

Jean Oui, c’est une sorte de parodie d’Eric Zemmour. Si les hommes d’aujourd’hui devait être comme dans la chanson ça serait horrible. Il manque plus qu’ils tapent sur leur femme. Je ne pense pas qu’il faille regretter les hommes d’avant…

 « La valise » par contre n’a rien de féministe. C’est tout le contraire.

Jean Oui, c’est une femme qui supplie son mec et qui, comme dit Brel, est prête à être l’ombre de son ombre, l’ombre de son chien parce qu’elle ne veut pas qu’il la laisse. Quand on s’est rencontré la première fois avec Johanna, on a parlé des Ronnettes, de Phil Spector, des Shirelles de Soul. Je me suis dit qu’il fallait que j’écrive quelque chose d’un peu mélodramatique à la manière des chansons de cette époque avec ces petites histoires adolescentes, romantiques que l’interprétation et la production rendent vraiment déchirantes.

 Et « Canopée » a un petit coté misanthrope, de quelqu’un qui regarde tout de haut.

Jean Oui c’est ça. Certains pensent que c’est une chanson naturaliste mais non. Elle traite de ceux qui vivent au dessus des problèmes du commun des mortels. C’est la description d’un VIP. C’est une personne qu’on choie, Tout le monde dit Amen à ce qu’elle dit… On en connaît tous des comme ça…

 Je vous trouve quelques points communs avec Baptiste W Hamon, Alma Forrer.

Jean Oui, en effet. Il y a le goût de transposer dans la langue française des influences américaines. Ce ne sont pas forcément tout à fait les nôtres. Nous sommes plus dans la Soul et la pop américaine et moins dans le Folk. Mais, la qualité des textes comptent pour eux comme pour nous. 

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